7.7.04

Araignée fossoyeuse

Dormez bien, hommes vains et sylphides oisives. Aux portes de la nuit, je viens tendre mes filets sur vos rêves stupides de mortels sinistres.

Drapez-vous douillettement dans votre tiède confort. Je commence en silence mon périple sanglant dans vos cœurs endormis et vos cerveaux haineux. Sur vos chairs livides, je m’avance lascivement, solitaire et impavide.

Dans le ventre de la nuit, je tisse vos cauchemars. Je me glisse dans les interstices de vos consciences assoupies. Je m’immisce au centre de vos doutes, je ronge vos espoirs timides, je dévore vos souvenirs jaunis, je me repais de vos incertitudes. Je me vautre au tréfonds de vos défaillances.

Je lacère vos graisses bourgeoises en lambeaux tremblotants. Je déchire vos mensonges putrides. Je darde mon poison sur vos lâchetés affreuses. Je me délecte de votre solitude hostile.

Quand je m’aventure sur le visage soyeux d’une jeune ingénue, l’attendrissement me guette.
Je m’exhorte alors à la haine en mémoire de mes ancêtres anéantis par votre peuple d’immondes prédateurs. Sur l’autel de l’innocence, je porte un toast à l’armée des araignées insatiables.

Jusqu’aux lueurs de l’aube, je savoure le sang de vos carcasses indécentes. Je m’épanouis dans vos déchéances. J’écris votre épitaphe à l’encre de votre lymphe nauséabonde sur le tombeau de vos illusions boueuses.

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