30.9.04

Port du désir

À pas enthousiasmés, j’avance
Sur le chemin de notre accord,
Où brille le charmant trésor
De ton cœur pétri d’espérance.

Armée de ma tendresse immense,
Je viens déposer sur ton corps
Une gerbe de baisers d’or
Gorgés de notre connivence.

Sourde à la cruauté du sort
Prompt à t’entraîner vers la mort,
Je creuse le puits de nos transes.

Je conduis notre amour au port
Du désir afin que commence
Le règne de nos joies intenses.

Poésie radieuse

Fuyez, mots ténébreux, écœurants de tristesse,
Messagers pernicieux d’un avenir blafard.
Quittez ma poésie où vos sournois poignards
Découpent mes visions en strophes vengeresses.

Termes radieux, venez exalter ma tendresse.
Plantez sur mes sonnets le brûlant étendard
De votre volupté célébrée avec art,
Afin que mes écrits s’égaient de vos richesses.

Images colorées, noyez les cauchemars
Qui souillent mes quatrains dans votre exquis nectar
Épanché sur mes vers en torrent de promesses.

Métaphores fleuries, chassez le fiel épars
De mes alexandrins, pour que, sous vos caresses,
Ma plume se répande en joie enchanteresse.

29.9.04

Silence d’argile

Ployé sous le regret dont le fiel se faufile
Dans son âme envahie de souvenirs amers,
L’arlequin se replie aux confins du désert,
Où les êtres maudits au cœur transi s’exilent.

Empêtré dans les rets de cauchemars hostiles,
Prophètes pernicieux du maître de l’enfer,
Il oppose au soleil qui lui brûle les chairs
Le désespoir glacé de son masque immobile.

L’esprit emprisonné dans un cruel hiver,
Il se laisse ronger par le sournois cancer
De l’abandon bardé d’un silence d’argile.

Lorsque des inconnus dardent un œil pervers
Sur son corps rabougri de pantin malhabile,
Il cache la frayeur dont les crocs le mutilent.

Bohémienne solitaire

Attifée d’un gilet affreux
Qui pendouille sur sa misère,
La bohémienne solitaire
Rampe sur le chemin scabreux.

Serrant sur son cœur douloureux
Des photos jaunies d’avant-guerre,
Elle cache sa peine amère
Au fond de ses yeux ténébreux.

Elle oppose à ses congénères
Son dos courbé sur le mystère
De son désespoir poussiéreux.

Suivie de son ombre éphémère,
Elle clopine à pas peureux,
Brisée par ses chagrins nombreux.

28.9.04

Pays de lumière

Je viens du pays délicieux
Où les vieilles maisons de pierre
Invitent l’eau de la rivière
À chanter son hymne radieux.

Je conserve au fond de mes yeux
Les jonchées de fleurs printanières
Offrant leurs couleurs incendiaires
Aux rais d’un soleil malicieux.

J’entends siffler la cafetière
Dans la maison hospitalière
De mes grands-parents silencieux.

Je garde en mon cœur la lumière
De l’aube, qui blanchit les cieux
Pour guérir les esprits pluvieux.

Fiel argenté

Pendant qu’elle renie nos frissons incendiaires
Dans son voyage amer loin de nos voluptés,
Je me plonge en solo dans le lac velouté
De l’amnésie, qui noie mes peines familières.

Pendant qu’elle trahit la flamme singulière
De notre amour au nom de sa curiosité,
Je dissous le chagrin de mon cœur dévasté
Dans la neige qui danse au creux de mes paupières.

Ballottée sur le flot de l’espoir avorté,
Où se trament les rets de l’inhumanité,
Je vois mon avenir s’envoler en poussière.

L’esprit désintégré par un fiel argenté
Qui me ronge les chairs, je quitte la lumière
Quand l’ange du néant me mène au cimetière.

27.9.04

Prison chimique

Pendant que tu t’enfuis loin de notre maison,
Impavide gazelle au visage sévère,
Je cultive un jardin de plaisirs éphémères
Dont ma pluie de cristal hâte la floraison.

Pendant que tu m’oublies au fil des horizons
Où te conduit ton cœur de beauté solitaire,
Je dilue mon ennui dans une ivresse amère,
Inapte à effacer tes froides trahisons.

J’étouffe le chagrin dont les crocs me lacèrent
Dans le flot nébuleux d’un sournois somnifère
Zélé à fabriquer des rêves à foison.

Je drape les démons de mon âme polaire
De volutes bleutées au goût de déraison,
Creusant les fondements de ma noire prison.

Fleurs de la fantaisie

Dans le jardin de mon enfance
Germent des rêves en couleur
Zélés à entraîner mon cœur
Sur le chemin de l’espérance.

Loin des urbaines déchéances
Éclosent des rires charmeurs
Au parfum du radieux bonheur
Ornant le temps des confidences.

Dans mes souvenirs enchanteurs
Danse un soleil dont la splendeur
Brûle l’écho de mes souffrances.

De mon passé naissent les fleurs
De la fantaisie, qui s’élancent
Pour égayer mon existence.

26.9.04

Délivrance brutale

Ce soir, j’ai étranglé la peste
Dont le bavardage infernal
Noyait mon repos vespéral
Dans un flot de fiel indigeste.

Au lieu de regretter mon geste,
J’exulte quand un feu lustral
Brûle un portrait de mon rival,
Trouvé dans sa poche de veste.

Ravie de son décès brutal,
Je la jette dans le canal,
Sous l’œil d’une lune funeste.

J’accède au bonheur intégral
En écrasant d’une main preste
Son canari que je déteste.

Guérison radieuse

Jetée sur le trottoir par ma froide poison,
Je dissous l’écheveau de mes peines amères
Dans une aigre vinasse inapte à me soustraire
Aux souvenirs cruels qui hantent ma raison.

Vautrée dans l’avenue, près de notre maison,
Sous le halo laiteux d’un triste réverbère,
Je me laisse envahir par le spectre polaire
De notre amour entré dans sa morte saison.

Rebelle aux railleries d’anonymes vipères,
J’épanche la douleur de mon cœur solitaire
Qu’étouffent les chardons d’affreuses trahisons.

L’étau de mon chagrin lentement se desserre
Quand un soleil lustral inonde l’horizon
De ses feux augurant ma proche guérison.

25.9.04

Solitude poétique

Sur mon ordinateur d’écrivain nyctalope,
Je construis mon empire à l’abri des mortels,
Au fil de mes sonnets que sculpte le scalpel
De ma noire ironie d’austère misanthrope.

Loin des filets sournois des beautés interlopes,
Zélées à immoler les naïfs sur l’autel
De la lubricité, j’écris des vers cruels
Dont l’aigreur s’amplifie au rythme de mes chopes.

Je soumets mes quatrains au réseau virtuel,
Prophète décadent du néant éternel
Dont le muet linceul, lentement, m’enveloppe.

Dans mes nuits dépourvues de soutien fraternel,
J’assemble les fragments du kaléidoscope
De mes chagrins contés par mes doigts qui galopent.

Poupée venimeuse

Dans ma collection singulière
De poupées à l’esprit retors,
Je décerne la palme d’or
À la venimeuse dernière.

Sous les sourires incendiaires
De cette fille au joli corps,
Se cache l’épais coffre-fort
De son cœur d’habile guerrière.

Au lieu de chérir le trésor
De notre flamboyant accord,
Elle a souillé nos joies princières.

Elle navigue vers le port
Où les froides aventurières
Brisent leur amour en poussière.

24.9.04

Muse polaire

Le cœur barbelé de chardons
Semés par ma muse polaire,
Je déambule en solitaire
Dans mes nuits noires d’abandon.

Au son d’un ténébreux bourdon,
J’immerge ma tristesse amère
Dans une kyrielle de verres,
Où se dissipe Cupidon.

Dans une froideur délétère
S’éteint mon espoir éphémère
Tandis que nous nous lapidons.

Inapte à laver sa colère,
J’implore, à défaut de pardon,
La cessation de ses brandons.

Terreur nocturne

Dès que la nuit étend sur les toits de la ville
Son linceul barbelé de fantômes vengeurs,
Un afflux de terreur emporte les rêveurs
Dans un monde infesté de monstres volubiles.

Sur le pavé glacé, vide d’automobiles,
S’avance l’escadron des zombis écorcheurs,
Prompts à ensevelir au tréfonds de l’horreur
Les piétons égarés loin de leur domicile.

Dans les foyers drapés d’une froide noirceur,
Les griffes des démons déchiquettent les cœurs
En sanglots qu’engloutit un silence d’argile.

Quand l’horizon revêt les sanglantes lueurs
D’une aurore lugubre, un affreux volatile
Éveille la cité de sa clameur hostile.

23.9.04

Démon sournois

Son délicieux minois de frêle sauvageonne,
Habile à décocher des regards pailletés
De diamants prometteurs d’ardentes voluptés,
Dissimule les traits d’une affreuse gorgone.

Sous sa peau satinée, sournoisement, bouillonne
Un venin vermillon dont les flots indomptés
Envahissent son cœur afin de supplanter
Les pâles souvenirs de sa vie monotone.

Quand les poignards du monstre ivre de cruauté
Lacèrent les trésors de sa féminité,
La poupée se replie dans un effroi aphone.

Dès que la mort saisit le corps ensanglanté
De la fille étendue, une étrange personne
Délivre le démon des chairs qui l’emprisonnent.

Érable musical

Érable dressé vers le ciel,
J’écoute la brise solaire
Chanter sa mélodie légère,
Perçant le silence de miel.

Bercé par les accords sériels
Que jouent les feuilles de mes frères,
J’oublie le dénouement sévère
De notre unisson démentiel.

Dans la froideur crépusculaire,
J’échappe aux instruments vulgaires
Des bûcherons pestilentiels.

Quand pointe un jour radieux, j’espère
Qu’un musicien providentiel
Goûtera mes sons essentiels.

22.9.04

Addition salée

Tandis que le concierge, un effrayant colosse,
Lâche sournoisement ses deux puants clébards
Qui, au lieu de bouffer les miches du zonard,
Se jettent de concert sur le vélo d’un gosse ;

La bignole, attifée d’un tablier atroce
D’où dépasse une robe aux coloris criards,
Jaillit de l’escalier en dardant un poignard
Sur le fieffé voyou qui lui cherche des crosses.

Quand le veuf du cinquième, un fasciste ringard,
Balance à la fripouille une volée de chtars,
Sa fureur sanguinaire excite les molosses.

Le boucan infernal attire des flicards
Qui, afin d’apaiser leur appétit féroce,
Augmentent l’addition en envoyant la sauce.

Évasion radieuse

Pendant que tu aboies dans la salle à manger,
Venimeuse poupée bardée de tatouages,
Je quitte le bourbier de tes enfantillages
Pour voguer en solo dans un rêve léger.

Princesse du piercing, zélée à saccager
Notre tendre unisson à coups de cris sauvages,
Je navigue sans toi vers le radieux rivage
D’un avenir exempt de serments mensongers.

Rebelle à la froideur qu’arbore ton visage,
Je m’évade en secret dans le pays sauvage
De la joie déferlant en rires prolongés.

Loin de nos désaccords au parfum de naufrage,
Je conduis mes pensées jusqu’au port étranger
De l’espoir, qu’embellit un soleil orangé.

21.9.04

Violon hivernal

Quand un aigre violon entonne dans le soir
Un refrain oublié aux notes hivernales,
Sous la fenêtre ornée d’un rideau de percale
Imprimé de bouquets de fleurs en entonnoir ;

La vieille solitaire affronte son miroir,
Insolent compagnon dont l’image brutale
Hante ses insomnies qu’une lune d’opale
S’acharne à délivrer de ses papillons noirs.

Aux portes d’un matin dont la grisaille étale
Couvre d’un froid linceul l’antique cathédrale,
Des nuages épais commencent à pleuvoir.

Quand un affreux tocsin plonge la capitale
Dans l’abîme où sévit l’ange du désespoir,
Une neige boueuse envahit les trottoirs.

Issue mortelle

Quand un premier pruneau déchire ses entrailles,
L’infortuné voyou lâche son revolver,
Avant de s’effondrer, dans un boucan d’enfer,
Sous les salves nourries des flics qui le mitraillent.

Le corps ensanglanté du roi de la racaille
Gît sur le macadam, les viscères à l’air,
Dans la calme froideur du boulevard désert
Que les nuées d’octobre étouffent de grisaille.

Le visage crispé en un rictus amer,
La fripouille gémit, tandis que dans sa chair
Se faufile la mort dont les crocs le tenaillent.

Lorsque des inconnus au visage de fer
Forment près du blessé une hostile muraille,
Le silence descend sur le champ de bataille.

20.9.04

Royaume des mots

Une jardinière de sable,
Un désert de légumes,
Un carnet à manger,
Une salle à spirale,
Une dame de bois vert,
Une volée de cœur,
Remuez le tout vivement.

Un tableau de gorge,
Un mal de maître,
Un papier à café,
Un moulin à lettres,
Une barre d’eau,
Une chasse de chocolat,
Mijotez le tout longuement.

Une lance de carnaval,
Un masque d’incendie,
Un costume à poules,
Une cage à paillettes,
Un pied à carreaux,
Un mouchoir à coulisse,
Dégustez le tout tendrement.

Au royaume des mots,
Le festin s’éternise.

Ange gothique

Armé d’un corbeau méphitique,
Agrippé à son manteau noir,
Il dérive sur les trottoirs,
Au gré de son cœur romantique.

En écoutant de la musique
Accordée à son désespoir,
Il regarde le ciel pleuvoir
Une brouillasse pathétique.

Son masque en lame de rasoir
Blêmit dans la froideur du soir,
Sous l’œil d’une lune apathique.

Il se scarifie pour asseoir
Sa renommée d’ange gothique,
Bardé de pouvoirs maléfiques.

Silence indécent

Pendant que des tyrans pétris de suffisance
Salissent les journaux de leurs discours truqueurs
Que relaie savamment la télé en couleur
Dans les foyers bourgeois de la paisible France ;

Pendant que des civils sombrent sous la violence
D’armées dont les canons distillent le malheur
Sur le monde qu’inonde un soleil fossoyeur,
Zélé à exalter les humaines démences ;

Des familles brisées par la mort d’un des leurs,
Victime sacrifiée sur l’autel de l’horreur,
Épanchent dignement leur injuste souffrance.

Des innocents tombés aux mains d’affreux tueurs
Exposent à l’écran leur désarroi immense,
Avant de s’abîmer aux confins du silence.

Le survivant du val

Tandis qu’autour de lui, déchirant le silence,
Les valeureux soldats au regard de dément
Marchent en rangs serrés sous un clair firmament
Où se vautre un soleil puant d’indifférence ;

Le survivant du val, qu’emporte une ambulance
À l’abri du village où meurent crânement
Les conscrits entassés en un charnier fumant,
S’oppose en solitaire au trépas qui s’avance.

Loin des champs dévastés par les bombardements,
Le rescapé, gavé de remèdes calmants,
Retrouve à l’hôpital une fière apparence.

Le fantassin, bardé d’immenses pansements,
Inaptes à cacher ses muettes souffrances,
Lave dans la boisson son âpre déchéance.

18.9.04

Espoir impromptu

En dérive absolue au fond de mes démences,
Je me laisse porter par un flot matinal
D’anonymes bavards au regard de métal,
Sous un âpre soleil pétri d’indifférence.

Les vendeurs du marché s’agitent en cadence
En un ballet grotesque, insolent carnaval
Où le muet carcan de mon chagrin létal
Se déchire en regrets dépourvus d’espérance.

Rebelle à la gaieté des flamboyants étals
Assemblés en bouquet au parfum estival,
Je sombre dans le puits de mes vaines souffrances.

Quand une fée radieuse au rire de cristal
Esquisse prestement un léger pas de danse,
Charmée, je lui souris, prête à saisir ma chance.

Monde moribond

Quand l’aile de la nuit s’étire
Sur la ville dont les horreurs
Se drapent d’une aigre froideur,
Commence le bal des vampires.

Sitôt que la frayeur transpire
Dans le silence amer des cœurs,
Le bataillon des fossoyeurs
Instaure son sinistre empire.

Le démon dévore les fleurs
Germées dans l’âme des rêveurs
Pour que l’avenir se déchire.

Sur le flot du néant vengeur
Vogue le ténébreux navire
Du monde où la tendresse expire.

17.9.04

Rêve déchiré

Cossard comme pas deux, le fils de la fleuriste,
Un venimeux voyou qui braque les vieillards
Aux mains pleines d’oseille, un cador du poignard,
Rêve de s’envoler loin de sa banlieue triste.

Pendant que son daron, un miteux garagiste,
Pinte pour supporter son turbin de zonard,
Le roi du macadam construit par le pétard
Son avenir fleuri de plaisirs égoïstes.

Insensible aux sermons de son frangin ringard,
Il se laisse emporter par l’aile du hasard
Jusqu’au taudis fangeux d’une fée guitariste.

Quand son espoir flambant se change en cauchemar,
Le malheureux dénoue ses pensées pessimistes
Sous le regard expert d’une psychanalyste.

Psychanalyste de l’espoir

Sur le divan fané d’une psychanalyste
Dont l’air indifférent me lacère le cœur,
Je dévide ma vie en souvenirs vengeurs
Que ponctue le tic tac d’une pendule triste.

Insensible aux accords qu’égrène un guitariste
Dans l’avenue baignée d’un soleil enjôleur,
Je vomis en solo des secrets dont l’horreur
Se lave dans mes pleurs jaillis à l’improviste.

La froide praticienne ausculte mes douleurs
À l’aune compassée de mystificateurs
Que relaient les cocktails de dangereux chimistes.

La thérapeute éteint mes sibyllines peurs
Dans son calmant silence afin que je résiste
Aux souffrances qu’ourdit ma raison pessimiste.

16.9.04

Au pays de la poésie

Au pays de la poésie
Germent mes sonnets enchanteurs,
Prompts à illuminer mon cœur
De leur musicale ambroisie.

À l’encre de ma fantaisie,
Je compose un monde meilleur
Dont les flamboyantes couleurs
Consolent mon âme transie.

J’éteins l’écho de mes douleurs
Au gré de mon stylo rieur
Dont les inventions m’extasient.

Mes vers tissent un nid de fleurs
Dont le parfum anesthésie
Le spectre de l’hypocrisie.

Flamboyante déesse

Jaillie d’une comète éclatée sur la Terre,
Flamboyante déesse au visage indompté,
Tu dardes sur le monde un œil ensanglanté
Où luisent les diamants de ta saine colère.

Gracile créature au parfum de mystère,
Tu arpentes la ville à pas désenchantés,
Sous les rayons amers d’un soleil dépité,
Accroché dans un ciel de grisaille ordinaire.

Loin de ton univers pétri de pureté,
Tu sèmes tes lueurs zélées à envoûter
Les esprits entachés de souvenirs polaires.

Tu brises le carcan de l’inhumanité
En ténébreux lambeaux afin de satisfaire
Ton immense appétit de reine solitaire.

15.9.04

Affaire dentaire

Armé d’un ustensile louche
Qu’il avance cruellement
En dépit de mes hurlements,
Le dentiste ausculte ma bouche.

Sitôt que ce vicieux me touche
De son venimeux instrument,
Je me débats furieusement
En lançant des regards farouches.

Agacée par mes beuglements,
Sa jeune assistante débouche
Au milieu de notre escarmouche.

Terrassée, à court d’arguments,
J’attends que sèche le ciment
Pour me sauver en fine mouche.

Horizon radieux

Sur les chardons sanglants de ton odieux silence,
Je sèmerai bientôt un tombereau de fleurs,
Messagères bénies d’un flamboyant bonheur
Éclos dans le berceau de tes rêves d’enfance.

Sur les lambeaux flétris de tes noires démences,
Je construirai un nid de frissons enchanteurs
Pour éteindre l’écho de ton rire moqueur,
Poussé dans le marais de ta vie de souffrance.

Sur la peau veloutée de ton visage en pleurs,
Je poserai un flot de baisers enjôleurs
Au parfum enivrant de ma tendresse immense.

Dans ton regard souillé d’ineffables douleurs,
J’inviterai la lune en habit d’insolence
À darder ses lueurs imprégnées d’espérance.

14.9.04

Maison délabrée

Sinistrement plantée à l’orée du canal
Qui s’étend du village à l’ancien cimetière,
La maison délabrée offre ses murs de pierre
Aux rayons délicats d’un soleil pastoral.

Gémissant sur ses gonds un sibyllin signal,
La porte s’ouvre en grand sur un nid de poussière
Orné d’un chapelet d’images singulières,
Reliques oubliées d’un mystère ancestral.

L’horloge se lamente en notes régulières
Dans l’entrée où s’étale une fade lumière,
Messagère glacée du néant minéral.

Quand la nuit ténébreuse inonde la chaumière,
Le portrait d’une femme au regard de métal
Se pare prestement d’un sourire augural.

Avenir morbide

Bardé de convictions stupides
Au parfum d’inhumanité,
L’homme en habit de lâcheté
Dessine un avenir morbide.

Guidées par des tyrans avides
De cadavres déchiquetés,
Les armées souillent les cités
De leurs exactions fratricides.

Rebelle aux muettes beautés
Des champêtres immensités,
L’humain se nourrit d’homicides.

Dans le monde désenchanté,
Le feu des puissances du vide
Calcine les âmes candides.

13.9.04

Ma princesse

Quand le silence armé succède à la tendresse
De ses mots constellés de perles de bonheur,
Aux portes d’un matin où les pâles lueurs
D’un soleil dédaigneux exaltent ma tristesse ;

Quand son regard glacé, à son insu, confesse
Un flot de sentiments tristement précurseurs
D’un conflit indécent où son masque boudeur
Oppose à mes élans sa noire forteresse ;

Quand son corps, oubliant la radieuse splendeur
De nos enlacements, se pare de froideur,
Au seuil d’un jour d’ennui, où se noient mes caresses ;

J’exhorte le désir à enflammer mon cœur
Afin de calciner les doutes qui m’oppressent
Dans le berceau soyeux des bras de ma princesse.

Bouquet final

De nos promesses éternelles,
Germées de nos ardents plaisirs,
Garants des frissons à venir,
Émane une ironie cruelle.

L’amour enfui à tire-d’aile
Laisse nos cœurs froids à mourir
Tandis que s’obstine à jaillir
Le bouquet final d’étincelles.

Quand les derniers de nos désirs
S’enterrent dans nos souvenirs,
S’ouvre le règne des querelles.

Dès qu’achève de s’assombrir
L’horizon de nos joies rebelles,
Le fiel se ramasse à la pelle.

Fée magnifique

Prise dans les filets de ma dame de pique,
Ma reine farfelue, je dispute au poker
Mon fragile bonheur que le poignard pervers
Du mensonge déchire en éclats ironiques.

Sous son masque effilé d’oiseau anorexique,
Abandonné au cœur d’un éternel hiver,
Se cache une guerrière au courage de fer,
Dardant ses traits subtils jusqu’à ce que j’abdique.

Son regard constellé de reflets outremer
Immerge l’écheveau de mes soupçons diserts
Dans le flot bouillonnant de sa tendresse unique.

Son sourire abolit mes souvenirs amers,
Si bien que, dans les bras de ma fée magnifique,
Je savoure la joie qu’elle me communique.

12.9.04

Métro tentaculaire

Métro tentaculaire,
Antichambre polaire
De l’enfer insolent,
Labyrinthe sanglant,
Tes souterrains ressassent
De puantes menaces.

Creuset de désespoir,
Où les démons du soir
Distillent l’épouvante,
Tes entrailles bruyantes
Exaltent la fureur
De vicieux prédateurs.

Froid kaléidoscope
De voyous nyctalopes
Aux morbides passions,
Au fil de tes stations
Barbelées de violence
Fleurit la décadence.

Métro de la haine

Sous la ville endormie à l’approche du soir,
Le monstre de métal déchire le silence
En éclats de frayeur qu’exalte la violence
Germée dans le lacis des ténébreux couloirs.

Des visages cireux au tranchant de rasoir,
Fermés sur un faisceau de muettes souffrances,
Se défient âprement, pendant que se balance
Le rugissant serpent au brillant d’ostensoir.

Dans le ventre puant de la cité immense,
Tapissé des chardons des humaines démences,
Se dessine la voie d’un futur sans espoir.

Des grappes de voyous en habit d’insolence
Passent les voyageurs au sanglant laminoir
De leur haine poussée au hasard des trottoirs.

10.9.04

Métro infernal

Sur le quai verglacé de la station ultime,
Constellée de voyous au sourire vicieux,
Pousse le chardon noir de l’effroi pernicieux,
Zélé à fomenter d’épouvantables crimes.

Dans l’obscur souterrain où des cris anonymes
Lacèrent le silence en cauchemars odieux,
Des spectres grimaçants au visage crayeux
Pourchassent sans répit de candides victimes.

Face au dernier métro, deux venimeux pouilleux
Inondent des bourgeois au masque camaïeu
D’un torrent de jurons que l’alcool envenime.

Dès qu’un soleil lustral illumine les cieux,
Le maître de l’enfer suspend la pantomime
Des monstres ténébreux que le matin décime.

Ville déstructurée

Ville déstructurée, métropole putride,
Percée de boulevards aux couleurs de l’hiver,
Sombre salle de jeux du maître de l’enfer,
Tu déchires l’espoir de tes bruits homicides.

Dépotoir barbelé de citadins livides
Au cœur dissimulé sous un masque de fer,
Qu’éclaire tristement un froid soleil amer,
Tes horloges conspuent le temps qui se dévide.

Dans ton centre brumeux, exempt d’espace vert,
Divaguent des gamins dont la raison se perd
Au rythme d’injections au parfum de suicide.

Souillée d’hôtels miteux aux remugles de chair,
Où des amants déjouent leur destin insipide,
Tu dardes tes laideurs où la folie préside.

8.9.04

Nuit de démence

Dans ma nuit de démence au tréfonds de Paris,
Je dérive au hasard de mes pas amnésiques
Jusqu’à la triste entrée d’une boîte saphique,
Fleurie de malabars aux yeux lourds de mépris.

Sous le brûlant regard de lascives houris
Qui balancent leur corps au gré de la musique,
Je me laisse envahir par un désir magique,
Zélé à enflammer mon visage flétri.

Empêtrée dans les rets que des fées magnifiques
Dressent lascivement, je cède à la panique,
Si bien que je m’enfuis sous le ciel assombri.

Dans le matin glacé, une dame de pique
Troque son masque austère contre un air attendri
Afin de dissiper l’effroi qui me meurtrit.

Trépas rédempteur

Il garde dans son cœur la froideur des prisons,
L’obscurité glacée, barbelée de silence,
Pétrie de souvenirs au parfum d’innocence
Dont le muet linceul étouffe l’horizon.

Il connaît la laideur des noires trahisons,
Les amitiés brisées en regrets qui commencent
À creuser le caveau de ses espoirs d’enfance
Dans son esprit blessé jusqu’à la déraison.

Le visage assombri par sa tristesse immense,
Il écoute rugir l’ange de la violence
Qui noie l’humanité dans son sournois poison.

Au terme de sa vie constellée de souffrances,
Il confie sa conscience en sa grise saison
Au trépas prometteur de longues pâmoisons.

Je construirai une cité

Je construirai une cité
Sur une planète lointaine,
À l’abri des folies humaines,
Pétries d’affreuses cruautés.

Loin de notre monde habité
D’êtres dégoulinant de haine,
J’ouvrirai la voie souveraine
D’un futur empreint de gaieté.

J’éteindrai l’écho de mes peines
Ourdies par des mortels obscènes
Dans un océan enchanté.

J’inviterai une sirène
Dont la lumineuse beauté
Exaltera nos voluptés.

5.9.04

Chêne bienveillant

Dressé parmi mes pairs à l’orée du village,
J’offre mon dais de chêne au souffle malicieux
De la brise orchestrant le concerto joyeux
De la Terre fleurie d’exaltants paysages.

J’abrite tendrement au sein de mon feuillage
Des oisillons chétifs aux tremblements anxieux,
Tandis que leurs parents défient le ciel pluvieux
Afin d’y grappiller des insectes sauvages.

J’assiste au défilé de grossiers personnages,
Des bûcherons bavards, dardant sur mon branchage
Des regards enflammés par leurs desseins vicieux.

J’héberge les amants sous mon épais ombrage
Pour que le flot fougueux de leurs soupirs soyeux
Efface les affronts des citadins odieux.

Avenir joyeux

Pendant que tu bâtis des amitiés futiles
Où se trament les rets de noires trahisons,
Empressées de verser leur perfide poison
Jusqu’à l’écrin douillet de notre domicile ;

Pendant que tu souris aux femmes qui défilent
Sous tes yeux enflammés par l’alcool à foison,
Dont le torrent brûlant engloutit ta raison
Où meurent les échos de nos fêtes subtiles ;

Je compose des vers pour fleurir la maison
D’un arc-en-ciel d’espoir vibrant au diapason
De l’orchestre de jazz qui subjugue la ville.

Au fil de mes sonnets, je détruis la prison
De mes regrets nourris de cauchemars hostiles,
Au seuil d’un avenir où nos joies se profilent.

4.9.04

Lune complice

Lune aux rayons subtils, drape nos voluptés
D’un voile flamboyant, imprégné de tendresse,
Pour fleurir de diamants le corps de ma princesse
Dont les ardents frissons attisent la beauté.

Compagne de nos nuits, brise l’obscurité
De tes poignards dorés, lourds d’exquises promesses,
Zélés à déchirer nos pudeurs pour que cesse
Le ballet menaçant du plaisir avorté.

Spectatrice assidue de nos âpres caresses,
Darde sur notre union tes lueurs qui transgressent
Le rempart silencieux de nos timidités.

Éloigne le soleil du matin, qui se presse
Vers le joyeux berceau de nos sens exaltés,
Afin de protéger notre félicité.

Poète au cœur ensanglanté

Poète au cœur ensanglanté
Par les horreurs de ton enfance,
Assemble tes noires démences
En quatrains de vers exaltés.

Puise en ton esprit tourmenté
Des rêves gorgés d’innocence
Pour briser ta désespérance
Au fil de tes mots enchantés.

Éteins tes muettes souffrances
Dans tes poèmes qui s’élancent
En promesses à décrypter.

Compose le recueil immense
De tes amours dont la beauté
Gomme tes vaines lâchetés.

3.9.04

Fête voluptueuse

Je cueille dans tes yeux
Les diamants silencieux
De nos fêtes subtiles.

Le concerto fébrile
De nos corps enlacés
Dénoue ton cœur blessé.

Armée de ma tendresse,
Je t’étreins pour que cesse
Ton chagrin sibyllin.

Ton sourire câlin
Ouvre une voie solaire
Où je me régénère.

Dans nos nuits sans sommeil
Jaillit un flot vermeil
De caresses brûlantes.

Nos voluptés inventent
Le langage royal
De notre accord total.

Fête sinistre

Insensible au regard des belles étrangères
Qui me sourient au bord de la piste de bal
Vibrant sous les accords de leurs voix de cristal,
Je sombre lentement dans un ennui polaire.

Dans le jardin bondé d’amants fiévreux, qu’éclaire
Une lune muette en habit hivernal,
J’écoute sangloter un vieil original
Dont le chagrin nourrit ma douleur solitaire.

Dans l’eau de la fontaine, où le vent vespéral
Dessine adroitement un canevas spiral,
J’aperçois un visage imprégné de mystère.

Loin des fêtards souillant le décor pastoral,
Je m’engloutis dans l’onde afin de me soustraire
Au désert silencieux de ma vie de misère.

Reine de mes désirs

Dans mon jardin drapé d’un éternel été,
Viens m’enlacer, princesse au sourire limpide,
Afin que la ferveur de nos baisers déride
Mon cœur que le passé s’acharne à tourmenter.

Reine de mes désirs, apprends-moi à chanter
La symphonie du temps qui, joyeux, se dévide
En diamants insolents, pour que leurs feux nous guident
Sur le radieux chemin de nos sens exaltés.

Dans le lac de tes yeux, noie mes pensées morbides,
Avant de m’entraîner, d’une main intrépide,
Vers la cime arc-en-ciel de notre volupté.

Armée de ta tendresse, exquise fée, préside
Le flamboyant ballet du plaisir pimenté
De l’enivrant parfum de ta féminité.

Jardin des vanités

Dans le jardin des vanités
Poussent des plantes éphémères
Que la rêveuse solitaire
Assemble en bouquets enchantés.

Au fil des plaisirs exaltés,
Nourris de ses sottes chimères,
Elle aborde à la rive amère
Du regret lourd de lâcheté.

Dans le creuset de sa colère,
Elle forme des vers polaires,
Bouffis de son orgueil buté.

Sa conscience crépusculaire
Se brise en chagrins répétés
Au parfum d’espoir avorté.