2.12.04

Bar du souvenir

Dans la salle enfumée du troquet, où s’entasse
Un chapelet bruyant d’anonymes buveurs,
L’étranger, affublé d’un masque de froideur,
Détourne le regard des couples qui s’embrassent.

Insensible aux poupées qui mirent dans les glaces
Leur délicieux minois prompt à briser les cœurs,
Il noie son désespoir dans un flot de liqueur,
En priant pour qu’un jour, ses souvenirs s’effacent.

Devant son verre vide, en solo, il repasse
Son amante envolée, pendant que sa carcasse
Se replie tristement sur son nid de douleur.

Sitôt que le soleil se pose sur la face
Des clients pétrifiés dans une aigre torpeur,
L’inconnu s’évanouit dans un rêve enchanteur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Souvenir quand tu me prends...