31.7.04

Train de l’enfer

Embarquée en solo dans le train de l’enfer,
J’écoute la chanson du temps qui se dévide,
Le front collé au bord de la vitre limpide
Où danse un paysage en costume d’hiver.

Sous un ciel déchiré d’effroyables éclairs,
Je me laisse emporter sur le rail intrépide,
Vers le gouffre abyssal du néant, où résident
Les âmes délivrées de leurs espoirs pervers.

À l’orée de la nuit, le canevas candide
De mes joies se déchire en lambeaux insipides
Que le vent éparpille au bout de l’univers.

Au terme du voyage, un miroir me décide
À effacer les plis de mon sourire amer
Dans le fleuve ondulant sous le chemin de fer.

Mort mentale

Mon âme, je t’emmène à l’abri des mortels
Zélés à t’étourdir de leurs laïus putrides,
Avant de sacrifier aux puissances du vide
Tes espoirs assemblés en brillant carrousel.

Ce soir, je te soustrais au tourbillon cruel
Des fantômes issus de tes pensées morbides
Dans ce monde sinistre où le temps se dévide
En lambeaux ténébreux de chagrin éternel.

J’arrache les chardons au parfum de souffrance,
Germés dans le marais des humaines démences,
Pour te conduire au seuil du néant minéral.

J’immerge les échos de ton âpre tristesse
Dans l’océan glacé de l’oubli sépulcral,
Empressé de laver tes anciennes faiblesses.

30.7.04

Mort rédemptrice

À jamais délivrée des atroces souffrances
De ma vie ténébreuse, exempte de plaisir,
Souillée par les échos d’effrayants souvenirs,
Confiante, je m’envole aux confins du silence.

De ce monde écœurant, pétri d’indifférence,
Bordé d’un horizon achevant d’assombrir
Le canevas subtil de mes anciens désirs,
Je m’éloigne, drapée d’un voile d’innocence.

Aujourd’hui, calmement, je choisis de partir
Loin des hommes sournois, zélés à engloutir
Mes rêves dans le puits de leurs vaines démences.

Une froideur bénie commence à envahir
Ma carcasse fourbue, tandis que je m’avance
Vers le néant vainqueur de ma désespérance.

À jamais

Toutes mes épitaphes passées me donnent la nausée. Voici la dernière, celle de mon départ volontaire au pays du vide, à l’abri de la souffrance. Loin de mon ordinateur, loin de votre indifférence, loin de ma naïveté, loin de mes obsessions effrayantes, je pars ce soir, solitaire et paisible.

Personne ne me pleurera. Tant mieux ! Puisque je n’ai pas su émouvoir de mon vivant, je désire que mon décès ne déclenche rien, pas un regret, pas une larme.

Je laisse une kyrielle de poèmes, témoignage dérisoire de mon existence sinistre. Aux portes de la mort, leur avenir m’indiffère.

À quoi bon ces mots ? Suprême mascarade glacée d’un esprit morbide, bouteille inutile lancée à la mer de l’amertume avant le silence béni du néant, ultime bouffonnerie onaniste.

À jamais.

28.7.04

Agonie du soleil

Dans un océan de lumière,
Le ciel immerge le soleil
Dont les derniers rayons vermeils
Agonisent dans la poussière.

Quand l’astre ferme les paupières,
La Terre se met en sommeil.
Dans un océan de lumière,
Le ciel immerge le soleil.

Au bord de l’horizon glaciaire
Se tient le funeste conseil
Du cosmos en sombre appareil,
Sous l’œil d’une lune guerrière,
Dans un océan de lumière.

Pour punir son prince charmant

Pour punir son prince charmant,
La belle l’offre à sa voisine,
Connue pour ses ardeurs coquines
Qui terrorisent ses amants.

Le garçon mort d’épuisement
Gît sur le sol de la cuisine.
Pour punir son prince charmant,
La belle l’offre à sa voisine.

Aussitôt que l’enterrement
De l’infortuné se termine,
Sa sœur, que son promis chagrine,
Achète un berger allemand
Pour punir son prince charmant.

Épitaphe d’une poète rebelle

Ne venez pas verser de larmes hypocrites
Sur ma carcasse enfin dépourvue des douleurs
De ma vie abhorrée de poète au grand cœur,
Dont les vers insolents témoignent les mérites.

Épargnez-vous l’effort d’une ultime visite
À mon corps pétrifié par la calme froideur
De la mort qui noiera mes poèmes vengeurs
Dans l’oubli réservé aux consciences maudites.

N’envoyez pas chez moi l’armée des fossoyeurs,
Artisans du néant, familiers de l’horreur
Qu’ils lavent prestement dans un seau d’eau bénite.

Gardez-vous d’apporter d’affreux bouquets de fleurs,
Grotesques importuns dans mon logis d’ermite,
D’où j’ai toujours banni la moindre marguerite.

Dans Paris vide de pervenches

Dans Paris vide de pervenches,
Victimes de ma cruauté,
Je cherche une proie à buter
Parmi les piétons du dimanche.

Une gazelle en robe blanche
Me lance un regard dégoûté
Dans Paris vide de pervenches,
Victimes de ma cruauté.

Afin de prendre ma revanche
Sur les méprisantes beautés
Qui me torturent cet été,
Je fomente une tuerie franche
Dans Paris vide de pervenches.

27.7.04

Épitaphe de notre ardente union

De notre amour déçu où les paires de baffes
Ont succédé fissa aux frissons enchanteurs,
Je m’arrache, grisée par le feu rédempteur
Qu’insuffle à mon esprit une exquise carafe.

Je fulmine aujourd’hui pendant que tu m’agrafes
En inondant mon pull d’un océan de pleurs
Qui, au lieu d’apaiser mon effroyable humeur,
Conclut tes perfidies par un vain paragraphe.

Je pars en solitaire édifier mon bonheur
Loin du turbin stressant qui m’esquintait le cœur,
Tandis que tu pintais en peignant la girafe.

Je te laisse en cadeau une gerbe de fleurs
Afin d’illuminer le muet cénotaphe
De notre ardente union dont voici l’épitaphe.

Épitaphe d’une poète solitaire

Qu’on me laisse pourrir à l’abri des vivants,
Dans mon dernier foyer où mon âme polaire,
Enfin débarrassée des amours éphémères,
Lancera mes sonnets à la griffe du vent.

Qu’on ne débite pas de mensonges navrants
Sur ma carcasse offerte au néant salutaire,
Délivrée des douleurs de ma vie de misère
Dans un monde morbide aux hommes décevants.

Qu’on ne compose pas d’épitaphe sommaire,
Sordide comédie de consciences vulgaires,
Pressées de s’amender par des laïus fervents.

Qu’on ignore demain ainsi qu’auparavant
Mes pensées de poète aux quatrains volontaires,
Prophètes insolents de ma mort solitaire.

Ci-gît mon affreux désespoir

Ci-gît mon affreux désespoir
Entouré de bouteilles vides.
Je trinque à l’avenir limpide
Avec mes amis de comptoir.

Au milieu des nuages noirs
Surgit un soleil intrépide.
Ci-gît mon affreux désespoir
Entouré de bouteilles vides.

Dans la calme douceur du soir
S’avance une exquise sylphide
Dont le sourire me décide
À l’enlacer sur le trottoir.
Ci-gît mon affreux désespoir.

26.7.04

Espoir parisien

Dans Paris arborant son costume estival,
Je flâne en solitaire, portée par la musique
D’un orchestre de jazz, dont les accords magiques
Lézardent la paroi de mon rempart mental.

Sur la place enflammée par un soleil lustral,
Complice flamboyant de bruyantes boutiques
Où se presse une foule aux rires prolifiques,
J’émerge doucement de mon chagrin létal.

Entourée de gamins aux gracieuses mimiques,
Que tente d’apaiser un professeur comique,
Je me laisse égayer par leurs voix de cristal.

Dans le parc envahi de filles magnifiques,
Dardant à mon encontre un regard amical,
J’exulte sous le feu d’un espoir colossal.

Gerbe de lumière

Je suis la lueur silencieuse
Qui dissipe les cauchemars
Germés dans le berceau blafard
De ses dérives pernicieuses.

Je suis la main consolatrice
Qui caresse son corps blessé
Quand les spectres de son passé
Viennent rouvrir ses cicatrices.

Je suis le rossignol sauvage
Qui gazouille sur son balcon
L’espoir d’un avenir fécond,
À l’abri de ses vieux naufrages.

Je suis le diamant incendiaire
Qui déploie ses feux insolents
Afin que son désir tremblant
Jaillisse en gerbe de lumière.

Aux confins de l’espace

Perché aux confins de l’espace,
Un astre abandonné s’endort,
Si bien qu’une étoile au cœur d’or
Se rue pour réchauffer sa glace.

L’univers impassible efface
Les planètes au goût de mort.
Perché aux confins de l’espace,
Un astre abandonné s’endort.

Rebelle aux cosmiques menaces,
Une comète court au nord
Chercher le radieux réconfort
D’un soleil aux flammes voraces,
Perché aux confins de l’espace.

Morte cent fois dans mes poèmes

Morte cent fois dans mes poèmes,
Je prie le néant fossoyeur
De mettre un terme à ma douleur
En prenant ma vie de bohème.

J’exhorte le démon suprême
À venir débrancher mon cœur.
Morte cent fois dans mes poèmes,
Je prie le néant fossoyeur.

Je donne les sonnets que j’aime
À l’ange en habit de froideur,
Apte à éteindre mon malheur,
Guidé par les vers que je sème,
Morte cent fois dans mes poèmes.

25.7.04

Vie de naufrages

Quand ma plume acérée déverse sur ma page
Le maussade océan de mes vaines douleurs,
Assemblées en sonnets dont l’extrême noirceur
Invite le lecteur à brûler mon ouvrage ;

Quand les mots de l’espoir, vaincus, se découragent,
Prisonniers du chagrin qui transforme mon cœur
En tombeau silencieux que mes quatrains vengeurs
Inondent sans répit de lugubres images ;

Quand mes phrases glacées exaltent la terreur
De mon esprit amer dont la sinistre humeur
Chasse de mon foyer les amis de passage ;

J’offre les vers formés à l’encre de mes peurs
Au néant pour payer le prix de mon voyage
Jusqu’au terme béni de ma vie de naufrages.

Épitaphe poétique

Je bois une ultime carafe
Avant de mettre un point final
Au recueil des chardons du mal,
Qui formera mon épitaphe.

J’ai noyé l’ennui qui me ronge
Dans des tonneaux de vin amer,
Inapte à éteindre l’enfer
De ma vie souillée de mensonges.

J’ai noirci des milliers de pages
De mes extravagants quatrains
Au parfum de l’affreux chagrin
Qui me mène à mon sarcophage.

J’ai composé de noirs poèmes,
Lourds de mes douleurs à venir.
Puisque j’ai choisi d’en finir,
Je vous les offre en anathème.

Entre vers et bouteille

Puisque l’amour ne dure guère
Et que l’amitié passe après,
Je confie à mon rosé frais
Mes alexandrins solitaires.

À l’abri des regards perfides
Des fées aux baisers hors de prix,
J’écris des poèmes aigris
Pendant que mon verre se vide.

Loin des venimeuses gazelles,
Actrices de mon désespoir,
Je chasse mes papillons noirs
En fredonnant des ritournelles.

Entre mes vers et ma bouteille,
Je mène ma vie à merveille.

Bal sidéral

Au début du bal sidéral,
Le soleil invite la lune
À venir danser sur la dune
Une valse au rythme infernal.

Mercure en habit hivernal
Entame une gigue importune.
Au début du bal sidéral,
Le soleil invite la lune.

Quand Vénus, d’un geste spiral,
Enfile un anneau de Neptune,
Saturne envieux de sa fortune,
Déclenche un ouragan létal
Au début du bal sidéral.

24.7.04

Désespoir parisien

Dans le lacis bruyant d’un Paris estival
Que les feux acharnés d’un soleil incendiaire
Transforment en étuve inondée de poussière,
Je m’enferme au tréfonds de mon chagrin létal.

Sourde à la symphonie des rires de cristal
De gamins intrigués par des statues de pierre
Constellées des diamants d’une exquise lumière,
Je tremble dans l’hiver de tes yeux de métal.

Dans les rues imprégnées de la joie outrancière
D’une armée d’estivants aux étranges manières,
J’assemble les parois de mon tombeau mental.

Au cœur de la cité aux avenues princières,
Embrasées par les cris d’un bonheur idéal,
J’éteins mon désespoir dans un profond canal.

Soleil vengeur

Pour punir les hommes violents,
Le soleil calcine la Terre
Sous les rayons de sa colère,
Prophètes du néant brûlant.

Au tréfonds des cœurs purulents,
Il darde ses flèches sévères.
Pour punir les hommes violents,
Le soleil calcine la Terre.

Sous l’horizon sanguinolent
Brillent des flammes délétères
Qui transforment le monde en guerre
En amas de débris tremblants
Pour punir les hommes violents.

Liberté sanguinaire

La belle a noyé son mari
Dans l’eau du bain de la gamine
Pour contrer les envies câlines
Cachées sous son air ahuri.

Dès que son amant l’a appris,
Il a fait chanter la coquine.
La belle a noyé son mari
Dans l’eau du bain de la gamine.

À l’aide d’un fin bistouri,
La veuve a tranché la bobine
De la venimeuse vermine.
La liberté se paie bon prix.
La belle a noyé son mari.

Sacha Distel immortel

L’artiste en habit de soleil
A hissé sa dernière voile.
Il est parti dans les étoiles
Scintiller de son cœur vermeil.

Le chanteur a fermé les yeux
Dans un vibrant éclat de rire
Avant de rejoindre l’empire
De nos souvenirs merveilleux.

Sur les accords de ses refrains,
Il s’est ancré dans nos mémoires
Pour que ses magiques histoires
Effacent nos futurs chagrins.

Il a joué tant d’airs pétris
De sa tendresse singulière
Que sa musique de lumière
Demeurera dans nos esprits.

23.7.04

Vengeance cosmique

Descendue d’une étoile au visage bleuté,
Suicidée pour offrir au règne du silence
Sa mémoire imprégnée de cosmiques souffrances,
Je viens venger le ciel de votre impureté.

Dans les bruyants quartiers de vos grises cités,
Sinistres dépotoirs puants d’indifférence,
Je marche en solitaire, irritée par la danse
De zombis au regard lourd d’inhumanité.

Au tréfonds de vos cœurs pétris de cruauté,
Je plonge mon poignard afin de charcuter
Les purulents bourgeons de votre décadence.

Pour laver l’Univers de vos atrocités,
Je lance sur la Terre une tempête immense,
Zélée à engloutir vos sordides démences.

Extermination des pervenches

J’exterminerai les pervenches
Dont les P.-V. me pompent l’air.
Je les enverrai en enfer
Afin de prendre ma revanche.

Armée de ma colère franche,
Relayée par mon revolver,
J’exterminerai les pervenches
Dont les P.-V. me pompent l’air.

Avant que ma rage ne flanche,
Je rayerai de l’univers
Les pestes dont les papiers verts
Salissent ma voiture blanche.
J’exterminerai les pervenches.

Carnet à souches

J’ai volé le carnet à souches
De la pervenche au regard noir,
Avant d’élargir au rasoir
Le vilain rictus de sa bouche.

J’en ai fait un mets pour les mouches
En la découpant au hachoir.
J’ai volé le carnet à souches
De la pervenche au regard noir.

J’ai essuyé les taches louches
Avec son horrible mouchoir
Que j’ai caché dans un tiroir
Afin que personne n’y touche.
J’ai volé le carnet à souches.

Voluptés salvatrices

Afin de m’enfermer dans sa fourbe prison,
Ma reine m’inocule un vigoureux poison
Fabriqué au tréfonds de son esprit morbide.
Empêtrée dans les rets de ses ruses sordides,
Cruellement tapies sous son rire de miel,
J’assemble pour lui plaire un faisceau torrentiel
De baisers précurseurs d’étreintes insolentes.
Tandis qu’un chapelet de soupçons me tourmente,
Je construis le jardin de nos ardents plaisirs
Afin de lui ôter l’envie de me trahir.

22.7.04

Mort exquise

Aux portes du néant drapé d’une aube grise,
Je marche à pas feutrés sous le regard moqueur
Du démon silencieux qui darde sur mon cœur
Une lame glacée aux menaces précises.

Au moment de boucler ma dernière valise,
Je m’avance en solo, rebelle à la douleur,
Sur le fil barbelé que l’ange du malheur
Tend pour me diriger vers sa cruelle église.

Sombrement ballottée sur le flot destructeur
De l’avenir pétri de fantômes vengeurs,
J’implore le secours de mon âme insoumise.

Quand la main de l’effroi effrite ma fureur
En débris vermillon qui souillent ma chemise,
Je troque mes projets contre une mort exquise.

Messe en latin

Restaurons la messe en latin
Afin d’assainir notre Église,
Au lieu de prêcher des sottises
Qui ravissent les libertins.

Éliminons les philistins
Aux sermons noirs de leur traîtrise.
Restaurons la messe en latin
Afin d’assainir notre Église.

Cachons nos mensonges certains
Sous des intonations exquises.
Pour que les brebis indécises
Avalent notre baratin,
Restaurons la messe en latin.

Arc-en-ciel de tendresse

Je formerai un arc-en-ciel
Aux couleurs de notre tendresse
Pour emmener dans mon ivresse
Ma princesse à la voix de miel.

Je couvrirai sa peau vibrante
De baisers gorgés du plaisir
De nos étreintes à venir
Au cœur de nos nuits insolentes.

Je promènerai sur son corps
Mes mains, malicieuses complices
De l’indécent feu d’artifice
Né de notre radieux accord.

Je composerai la chanson
De nos éblouissants frissons.

Marie morte

La petite Marie est morte
Sur son vilain cheval de bois.
Auprès de son cadavre froid,
Je prie pour qu’un ange l’emporte.

Au pied de son lit se dépêchent
Une foule d’amis en pleurs,
Armés d’affreux bouquets de fleurs
Dont les pétales se dessèchent.

Sur la table, un livre d’images
Mêle ses fabuleux récits
Aux débris de biscuits rassis,
Que lance un rossignol en cage.

Souillant son visage livide,
Une nuée d’insectes noirs
Annonce la venue du soir,
Tandis que la chambre se vide.

21.7.04

Sur ta tombe

Je ne viens pas ce soir déverser sur ta tombe
Le flot de bile amère, au goût de désespoir,
Issu de mes soirées sur le fil du rasoir
Dans le désert hostile où, sans toi, je succombe.

Dépourvue de tes mains, mes ailes de colombe,
Je me laisse envahir par mes papillons noirs
Dont l’effrayant ballet au parfum d’encensoir
Forme un rideau obscur dont la froideur t’incombe.

J’offre mon cœur brisé à l’affreux désarroi
Que m’inspire aujourd’hui mon horizon étroit,
Tandis que je frémis dans le vieux cimetière.

Je colle mon visage au bord de ton caveau
Afin d’apercevoir ta précieuse poussière
Dont l’horrible pensée me ronge le cerveau.

Rendez-vous de nos joies

Au rythme de mon cœur débordant de désir,
Je me presse aujourd’hui, armée de ma tendresse,
Afin de retrouver la radieuse princesse
Dont la grâce a chassé mes sombres souvenirs.

Sur le chemin qui mène à nos fougueux plaisirs,
Je cueille un frais bouquet d’enivrantes promesses,
Dont le parfum dissout les craintes qui m’oppressent
Dans un creuset d’émois brûlant à défaillir.

Sitôt que je rejoins ma lascive déesse,
Son sourire m’invite à d’ardentes caresses,
Si bien que mon aplomb commence à s’affermir.

Emportées sur le flot d’une charnelle ivresse
Que ponctue la chanson de nos premiers soupirs,
Nous tissons le berceau de nos joies à venir.

20.7.04

Rupture radieuse

Lassée de me farcir tes effroyables crises,
Dictées par le démon niché dans ton esprit,
Je me casse fissa, venimeuse souris,
Pendant que tu vomis de vilaines sottises.

Franchement, ma poupée, ta tronche me défrise,
Si bien que je me marre en caltant à l’abri
De notre amour miteux dans ce taudis pourri
Où tu pourras hurler désormais à ta guise.

Épargne-moi, poison, ton visage contrit
Où brille à ton insu un regard de mépris,
Tandis que, sans broncher, je boucle ma valise.

Arrache de ma vue ton clébard trop nourri
Qui s’acharne à baver sur mon col de chemise
En signe d’affection pour que je me ravise.

Rendez-vous de nos plaisirs

Au rendez-vous de nos plaisirs,
Je viens en habit de lumière,
Armée d’une rose trémière
Ouverte vers notre avenir.

Mon corps tendu à défaillir
Effleure ta peau incendiaire.
Au rendez-vous de nos plaisirs,
Je viens en habit de lumière,

Dans le creuset de nos désirs
Germent nos caresses premières
Dont la symphonie printanière
Achève de nous conquérir
Au rendez-vous de nos plaisirs.

Radieux présages

J’habite au quatorzième étage,
Rue des morbides lâchetés.
J’ai perdu le goût de chanter.
Je vis comme un oiseau en cage.

J’attends qu’une reine sauvage
Me fasse découvrir l’été.
Le bouquet de nos voluptés
Effacera mes vieux naufrages.

J’aperçois déjà le visage
De la fée prompte à m’envoûter.
L’insolence de sa beauté
Distille de radieux présages.

Amour dans la salle de bains

L’amour dans la salle de bains
Assouvit mes désirs farouches.
Un tendre câlin sous la douche
M’encourage avant le turbin.

À l’abri du tumulte urbain,
Lourd d’inconnus au regard louche,
L’amour dans la salle de bains
M’encourage avant le turbin.

Aussitôt que nos corps se touchent,
Loin de notre gracieux bambin,
Endormi comme un chérubin,
Je te propose en fine mouche
L’amour dans la salle de bains.

19.7.04

Perfides papillons noirs

Dans le désert glacé de ma vie insipide,
Où la fleur de l’espoir achève de mourir,
J’avance à pas comptés vers mon sombre avenir,
Au rythme de mon cœur lourd de chagrin morbide.

Drapée dans le linceul des lâchetés sordides
De la frêle amitié prompte à la desservir,
Mon âme ténébreuse, exempte de désirs,
Flotte sur le marais du temps qui se dévide.

Un voile de regrets s’acharne à assombrir
Les timides échos de mes lointains plaisirs,
Germés dans le jardin de mes amours candides.

Mon esprit solitaire, épuisé de souffrir,
S’étouffe lentement sous la nuée perfide
De mes papillons noirs, prophètes du suicide.

Vacances à l’étranger

Partir en congé hors de France
Me plonge dans le désarroi.
Je ne quitte mon toit bourgeois
Qu’avec une extrême prudence.

Loin du pays de mon enfance
Sévissent des escrocs sournois.
Partir en congé hors de France
Me plonge dans le désarroi.

Dès que je mets de la distance
Entre mon domicile et moi,
Je me demande bien pourquoi,
Au mépris de mes peurs immenses,
Partir en congé hors de France.

Amour venimeux

L’amour distille un noir poison
Au tréfonds de l’âme candide.
Au sein des étreintes torrides
Germent d’atroces trahisons.

Aux délicieuses pâmoisons
Succède la rupture sordide.
L’amour distille un noir poison
Au tréfonds de l’âme candide.

La passion drape la raison
D’un voile de tendresse avide
Jusqu’à ce qu’un soupçon fétide
Annonce la morte saison.
L’amour distille un noir poison.

Ivresse solitaire

Je noie ma peine solitaire
Dans un tonneau de vin affreux
Qui réchauffe mon cœur ombreux,
Envahi de larmes amères.

J’éprouve une joie insolente
À abreuver ma déraison,
Loin des putrides trahisons
De mes éphémères amantes.

À l’abri des lâches mensonges
De mes compagnes de comptoir,
J’étouffe mes papillons noirs
Dans la bouteille où je les plonge.

Je lave ma désespérance
Dans mon généreux élixir
En priant pour que l’avenir
S’éteigne dans ma déchéance.

18.7.04

Sombre existence

Quand le passé putride épanche un flot immense
De souvenirs glacés dont les échos affreux
Infestent le désert de mon cœur ténébreux
Dont les froids battements soulignent le silence ;

Quand le présent amer creuse un puits de souffrance
Dans le tréfonds obscur de mon esprit fiévreux
Qu’un sanglant défilé de cauchemars ombreux
Conduit sournoisement au seuil de la démence ;

Quand le triste écheveau de l’avenir scabreux
Étouffe les bourgeons de mes désirs peureux,
Sous un pâle soleil pétri d’indifférence ;

J’exhorte les vautours du néant sulfureux
À ronger mon cerveau lourd de désespérance
Afin de mettre un terme à ma sombre existence.

Vin de messe frelaté

Le vin de messe frelaté
Sème la pagaille à l’église.
Le curé prêche des sottises
Devant Jésus épouvanté.

Le bedeau amateur de thé
Jure de faire sa valise.
Le vin de messe frelaté
Sème la pagaille à l’église.

Les bien-pensants assermentés,
Las des frasques de la prêtrise,
Imposent le jus de cerise,
Qui surpasse en acidité
Le vin de messe frelaté.

Corps du Christ

Au lieu du corps du Christ rassis,
Partageons des brioches fraîches
Pour nous réconforter du prêche
Du curé qui sévit ici.

La pâtisserie adoucit
Les sermons des prêtres revêches.
Au lieu du corps du Christ rassis,
Partageons des brioches fraîches.

Réservons les croûtons durcis
Aux trois animaux de la crèche.
Afin que la foi nous allèche,
Mangeons des gâteaux réussis
Au lieu du corps du Christ rassis.

Faisons l’amour à la cuisine

Faisons l’amour à la cuisine
Pendant le café du matin.
Quand tu remues ton popotin,
Il me vient des envies coquines.

Entre deux bouchées de tartine,
Obéissons à nos instincts.
Faisons l’amour à la cuisine
Pendant le café du matin.

Loin des frissons à la cantine,
Qui puent le poisson au gratin,
Roulons-nous un fougueux patin.
Avant de partir pour l’usine,
Faisons l’amour à la cuisine.

17.7.04

Roi de la pédale

Exalté par l’espoir d’une entrée triomphale
Sur le pavé brûlant du centre de Paris,
Je sue comme un voleur dans ce pays pourri
Pour coller à la roue des coureurs qui s’emballent.

Sourd au charivari de la foule locale
Qui braille les surnoms de ses enfants chéris,
J’accélère en laissant mes rivaux ahuris
Dans l’atroce montée d’une côte infernale.

Je fonce en ignorant les grognements aigris
Des potes d’écurie du champion favori,
Ce troupeau de trouillards trimant pour peau de balle.

Au mépris des douleurs de mon corps mal nourri,
Je mouline âprement, grisé par ma fringale
D’accéder au podium des rois de la pédale.

Amour en lettres majuscules

L’amour en lettres majuscules
Brûle comme un feu de bois,
Puis laisse sa proie aux abois
Dans la froideur du crépuscule.

Le battement de la pendule
Escorte les derniers émois.
L’amour en lettres majuscules
Brûle comme un feu de bois.

Plus frêle qu’une libellule,
La passion succombe à la loi
Du temps dont le poignard sournois
Creuse un caveau où capitule
L’amour en lettres majuscules.

Amour enfui

En pointillés, j’ai espéré,
Sourde aux échos de ton silence.
J’ai essayé de déchirer
Le canevas de tes absences.

J’ai éteint mes incertitudes
Dans tes poisseuses trahisons.
Emmurée dans ma solitude,
J’ai sombré dans la déraison.

Ce soir, mon chagrin solitaire
S’étouffe dans l’immense puits
De l’avenir qui m’indiffère
Puisque mon amour s’est enfui.

Au milieu des ombres glacées
Qui hantent le soir hivernal,
Je prie le néant minéral
D’effacer mes douleurs passées.

Embrasement

Mon corps frissonne
Dans le silence.
En son absence,
Je déraisonne.

Son coup de fil
Me noue le cœur
Dans la froideur
Du soir hostile.

Dès que ma reine
Ouvre la porte,
Ses mains m’emportent
Loin de mes peines.

J’offre mon âme
À ma princesse.
Sous ses caresses,
Ma peau s’enflamme.

16.7.04

La bonne du curé

Pendant que le curé ânonne longuement
Un sinistre sermon qui plonge les fidèles
Dans un demi-sommeil, sa bonne se fait belle
Pour embraser les sens de son prince charmant.

Loin du prêtre plongé dans le Saint Sacrement,
Sa servante, insensible aux piétés éternelles,
Fredonne en s’épilant galamment les aisselles
Avant de se parer d’un collier de diamants.

Dans l’église, un gamin à la voix de crécelle,
Troublé par les regards d’aguichantes gazelles,
Entonne une chanson qu’il massacre crûment.

Tandis que l’homélie étouffe la chapelle
Sous un voile d’ennui au goût d’enterrement,
La bonne délurée se donne à son amant.

Dans la cave du presbytère

Dans la cave du presbytère,
La bonne du curé se venge
De l’indifférence des anges,
Sourds à ses larmes solitaires.

Dès que le prêtre l’exaspère,
Elle prie le dieu des vendanges.
Dans la cave du presbytère,
La bonne du curé se venge.

Pendant que le vicieux vicaire
Avale un triste jus d’orange
Après leurs ébats dans la grange,
La servante se désaltère
Dans la cave du presbytère.

Abandonnons le vin de messe

Abandonnons le vin de messe
Au profit du jus de poireau
Avant que nos airs de poivrot
Ne pervertissent la jeunesse.

Pour nous affranchir de l’ivresse,
Buvons d’insipides sirops.
Abandonnons le vin de messe
Au profit du jus de poireau.

Allons avouer à confesse
Nos soûleries dans les bistrots.
Mes chers frères, crions haro
Sur notre ivrognerie traîtresse.
Abandonnons le vin de messe.

Néant abyssal

Quarante ans de douleur derrière,
Le néant abyssal devant.
Mes désirs envolés au vent,
J’offre mon cœur à la poussière.

Mes yeux fermés à la lumière
Abhorrent le monde vivant.
Quarante ans de douleur derrière,
Le néant abyssal devant.

Les crocs de mes peurs familières
Lacèrent le soleil levant.
J’espère m’effondrer avant
De perdre ma conscience altière.
Quarante ans de douleur derrière.

15.7.04

Rendez-vous manqué

Ce soir, le temps s’écoule en heures de tristesse
Pendant que je t’attends dans la salle du bar
Parmi un chapelet de clients égrillards,
Au rythme d’un juke-box dont le tempo m’oppresse.

Rebelle aux moqueries de lascives tigresses,
Zélées à attirer l’attention des gaillards
Accoudés au comptoir, je fixe mon regard
Sur la porte obscurcie par des traces de graisse.

Le tic tac de l’horloge effrite le rempart
De ma tendre confiance en scandant ton retard,
Sous les yeux du serveur que ma peine intéresse.

Quand le soleil d’hiver éteint ses derniers dards,
J’arrache de mon cœur tes perfides promesses,
Avant de me plonger dans la rue en vitesse.

Gâteau d’anniversaire

Dans ton gâteau d’anniversaire,
Je déverserai du poison.
Je lancerai sur ta maison
Des rafales de vent polaire.

J’immergerai ta joie solaire
Dans un fleuve de trahisons.
Dans ton gâteau d’anniversaire,
Je déverserai du poison.

Je demanderai au tonnerre
De déchirer ton horizon.
Je mettrai une cargaison
De perfides débris de verre
Dans ton gâteau d’anniversaire.

Je brûlerai mon désespoir

Je brûlerai mon désespoir
Sous la caresse du soleil.
Ses aimables rayons vermeils
Grilleront mes papillons noirs.

Je passerai au laminoir
Les sournois donneurs de conseils.
Je brûlerai mon désespoir
Sous la caresse du soleil.

J’offrirai au fil du rasoir
L’effroi qui hante mon sommeil.
Armée d’un désir sans pareil,
Germé dans le calme du soir,
Je brûlerai mon désespoir.

À l’office du samedi

À l’office du samedi,
Le curé pique un roupillon.
Le vin de messe vermillon
Le détourne du paradis.

Le bedeau l’éveille à midi
D’un violent coup de goupillon.
À l’office du samedi,
Le curé pique un roupillon.

L’enfant de chœur abasourdi
Jure en lançant des postillons
Sur le Fils de Dieu en haillons,
Si bien que l’abbé le maudit
À l’office du samedi.

14.7.04

Voluptés subtiles

Quand un lacis bourbeux de cauchemars fertiles
Transforme mon sommeil en supplice infernal
Dans les griffes glacées des puissances du mal,
Jusqu’à l’aube voilée de nuages hostiles ;

Quand la journée s’écoule en errements futiles
Dans le pâle écheveau de mon travail banal,
Sous l’œil indifférent d’un soleil hivernal
Qui renonce à chasser la froideur de la ville ;

Quand chaque souvenir sème un effroi létal
Dans mon esprit drapé d’un silence abyssal
Où s’étouffe l’écho des promesses fragiles;

J’oppose à mon chagrin le flambeau triomphal
De notre amour gorgé de voluptés subtiles
Dont l’enivrant parfum hante mon domicile.

Lune folle

Lassée d’attendre le soleil,
La lune a perdu la boussole.
Elle danse une gigue folle
Sur le monde en demi-sommeil.

Elle darde ses feux vermeils
Sur l’arc-en-ciel qui dégringole.
Lassée d’attendre le soleil,
La lune a perdu la boussole.

Insensible aux prudents conseils
De la voûte, elle batifole.
L’étoile du soir, qui rigole,
Accourt en radieux appareil,
Lassée d’attendre le soleil.

Anesthésie

Je résiste à l’anesthésie
Pour surveiller l’opération.
Je lutte contre les potions
En scandant de la poésie.

Aux portes de l’euthanasie,
J’implore une autre solution.
Je résiste à l’anesthésie
Pour surveiller l’opération.

Je déplore que mon sosie
Ait boudé ma proposition
De subir cette intervention.
De toutes mes fibres transies,
Je résiste à l’anesthésie.

J’embraserai ton uniforme

J’embraserai ton uniforme
Dans ma palette de couleurs
Afin d’effacer de ton cœur
L’écho de ton chagrin énorme.

J’éteindrai dans du chloroforme
Tes inacceptables douleurs.
J’embraserai ton uniforme
Dans ma palette de couleurs.

À l’abri des plaisirs conformes,
Je t’inviterai au bonheur
Dans l’arc-en-ciel de ma douceur.
Avant que tu ne t’endormes,
J’embraserai ton uniforme.

13.7.04

Tendres voluptés

Loin des serments poisseux, pétris d’ennui létal,
Des chastes amoureux au visage polaire,
Je t’emmène danser au royaume éphémère
Des tendres voluptés en habit estival.

Avant que les années aux griffes de métal
Ne déchirent ta joie en lambeaux de misère,
Je chante à ton oreille une chanson légère
Sous le tiède regard d’un soleil amical.

Afin d’anéantir ton chagrin délétère,
Je fleuris ta maison d’exquises primevères,
Savamment assemblées en tableau pastoral.

Je noie les cauchemars de tes nuits solitaires
Dans un torrent fougueux de plaisir infernal,
Scandé par les accents de ta voix de cristal.

Jungle nocturne

Dans la jungle des nuits,
Le prédateur poursuit
La poupée qui s’enfuit.

Sur le quai de la gare,
Le mâle affreux prépare
Un attentat barbare.

De sa lame sournoise,
Il saigne la bourgeoise
En manteau gris ardoise.

De son scalpel avide,
Le meurtrier putride
Tranche une carotide.

Sur le clochard blessé,
L’assassin agacé
Lâche son chien dressé.

Sous les étoiles d’or,
Le monstre aux yeux de porc
Festoie avec la mort.

Dans le jardin du presbytère

Dans le jardin du presbytère,
La bonne du curé s’épile
Sous l’œil ravi du crocodile,
Amateur de corps impubères.

Le prêtre égorge le vicaire
Qu’il offre en pâture au reptile.
Dans le jardin du presbytère,
La bonne du curé s’épile.

Dieu, que la folie délétère
De l’humanité horripile,
Envoie les saints de l’Évangile
Prêcher la céleste colère
Dans le jardin du presbytère.

Train de la misère

En sortant de mon taf merdique,
Je prends le train de la misère,
Bondé d’une faune vulgaire,
Triste comme un lit de clinique.

Le nez plongé dans mon journal,
J’échappe aux venimeux regards
D’une bande d’affreux loubards
Armés de barres de métal.

Quand deux loustics hargneux commencent
À harceler une gamine
Au sujet de ses origines,
Je me carapate en silence.

J’achèterai une bagnole
Pour me soustraire au tintamarre
Des voyous fauteurs de bagarres,
Avant de perdre la boussole.

12.7.04

Faubourgs parisiens

Sur les trottoirs plantés de chênes rabougris,
Le fleuve des passants déverse la complainte
De l’ennui sirupeux des vies en demi-teinte,
Blotties dans le tréfonds des faubourgs de Paris.

Dans la ville étouffée par des nuages gris,
Des clochards déplorant leur espérance éteinte
Taquinent gauchement des fées aux lèvres peintes,
Qui dardent en retour un regard de mépris.

Aux portes de la nuit, le bruyant labyrinthe
Des avenues pétries d’une allégresse feinte
Abrite un défilé de promeneurs flétris.

Dès que l’aube livide efface les empreintes
Des cauchemars tapis dans les chastes esprits,
Le sommeil engloutit les lascives houris.

Perruche

Le chat dévore la perruche
Dont le chant troublait son repos
Pendant que je joue du pipeau
Sous l’œil éteint de la peluche.

Dans les oreilles de l’autruche
Croasse le visqueux crapaud.
Le chat dévore la perruche
Dont le chant troublait son repos.

Dès que la gazelle trébuche,
Le lion cruel lui fait la peau.
Au comptoir du bruyant tripot,
J’affronte la triste baudruche.
Le chat dévore la perruche.

Mort d’une pervenche

J’ai assassiné la pervenche
En train de gratter mon auto.
La lame aiguë de mon couteau
M’a donné une âpre revanche.

Je requinque mon cœur qui flanche
Dans une flasque de porto.
J’ai assassiné la pervenche
En train de gratter mon auto.

Parmi les chauffards du dimanche,
Je me débine incognito.
Je l’ensevelirai bientôt
Au fond d’une poubelle étanche.
J’ai assassiné la pervenche.

Amours mortes

Sur le chemin des amours mortes,
Je construis mon muet caveau.
Rebelle aux feux du jour nouveau,
J’attends que le chagrin m’emporte.

Abritée derrière ma porte,
J’éteins l’espoir dans mon cerveau.
Sur le chemin des amours mortes,
Je construis mon muet caveau.

Au seuil du néant, je m’exhorte
À jeter dans le caniveau
Mes souvenirs dont l’écheveau
Compose une perfide escorte
Sur le chemin des amours mortes.

11.7.04

Dangereux voyage

À l’heure du départ d’un dangereux voyage
Dans le tacot pourri que conduit ma poison,
J’embarque à mes côtés une ample cargaison
De flacons de pinard pour doper mon courage.

Rebelle à la beauté des radieux paysages
Que caresse un soleil perché à l’horizon,
Je m’évade en pintant de l’amère prison
Que forme notre caisse aux ronflements sauvages.

Lorsque notre bagnole emprunte le gazon,
Ma bergère riposte en jurant à foison,
Pendant que je pressens notre imminent naufrage.

Quand ma poupée percute un angle de maison,
Sournoisement planqué dans un vicieux virage,
J’apaise ma frayeur dans mon moelleux breuvage.

Démon haineux

Armé de ma haine intrépide,
J’instaure l’empire du mal.
Je sème un effroi infernal
Au fond de vos rêves stupides.

J’offre aux crocs du néant putride
Vos frêles rires de cristal.
Armé de ma haine intrépide,
J’instaure l’empire du mal.

J’effrite vos esprits morbides,
Pétris d’un ennui minéral,
En débris au goût sépulcral,
Que dévore mon être avide,
Armé de ma haine intrépide.

Dans l’eau glacée de la fontaine

Dans l’eau glacée de la fontaine,
J’immergerai tes cauchemars.
Je composerai un nectar
Prompt à cicatriser tes peines.

Je désintégrerai tes chaînes
En poussière offerte au hasard.
Dans l’eau glacée de la fontaine,
J’immergerai tes cauchemars.

J’inviterai une sirène
À s’ébattre sous ton regard.
J’ensevelirai le rempart
De ta solitude inhumaine
Dans l’eau glacée de la fontaine.

Poisson exotique

Je tue le poisson exotique
Qui vient de sauter du bocal
Afin d’empêcher l’animal
De dévorer mon pique-nique.

Je mange la plante en plastique
Pour me remonter le moral.
Je tue le poisson exotique
Qui vient de sauter du bocal.

Je collectionne les moustiques
Dans une carafe en cristal.
Pour chasser l’ennui infernal
De cette journée pathétique,
Je tue le poisson exotique.

10.7.04

Flammes vengeresses

Dans ton palais du stupre au bord de nulle part,
Bardé d’un chapelet de lascives déesses
Qui tissent le berceau de ton obscène ivresse,
Je sèmerai demain un flot de cauchemars.

Sur ton île bercée par la main du hasard,
Dont le cœur constellé de sauvages richesses
Forme le lit impur de vos sales caresses,
Je viendrai dérouler un funeste étendard.

Sur le sombre jardin de vos âpres tendresses,
Je darderai bientôt des flammes vengeresses,
Promptes à calciner vos frissons égrillards.

Je démantèlerai le corps de tes maîtresses
En débris tremblotants que le sanglant poignard
De ma haine offrira au bec des charognards.

Ange cynique

Sur les vagues de ta démence,
Dans les chardons de tes errances,
Je viens me vautrer en silence.

Ange cynique de la nuit,
J’arpente la ville sans bruit
Pour égorger l’enfant qui fuit.

Sous l’œil d’une lune immobile,
Je darde mon poignard hostile
Sur le sein de vierges nubiles.

Démon au visage polaire,
Mû par ma haine solitaire,
Je massacre de pauvres hères.

Je dévore des mécréants
Dont j’offre le ventre béant
Aux crocs voraces du néant.

Sous un ciel exempt de soleil,
Je savoure le sang vermeil
D’humains dans leur dernier sommeil.

Ma vieille caisse

Au volant de ma vieille caisse,
Je sème une terreur d’enfer.
Au lieu d’attendre le feu vert,
Je passe à l’orange en vitesse.

Sitôt qu’un obstacle se dresse,
Je me précipite au travers.
Au volant de ma vieille caisse,
Je sème une terreur d’enfer.

Ma conduite en état d’ivresse
Me tuera avant qu’un cancer
Ne plante ses germes pervers
Dans ma carcasse qui s’affaisse
Au volant de ma vieille caisse.

9.7.04

Amazone en bagnole

Ma princesse adorée maltraite ma bagnole,
Une épave rouillée qui fuit de toutes parts
En lâchant un torrent de ronflements geignards
Que ma poupée suspend d’une grande torgnole.

Dans les rues encombrées de l’âpre métropole,
Ma reine farfelue écrase des clébards
Sous les yeux amusés de grappes de moutards
Qui foutent le boxon au sortir de l’école.

Insensible aux jurons de venimeux chauffards,
Elle plante ma caisse sur les grands boulevards,
Le temps d’aller zieuter une paire de grolles.

Ma fringante amazone insulte des tocards
Que la brutalité de sa conduite affole,
Pendant qu’à ses côtés, soufflée, je me gondole.

Loin de l’amertume

Au rendez-vous de l’amertume,
J’arrive toujours en retard.
Je mène ma vie au hasard
Des désirs que mon cœur allume.

Au lieu de vos regrets posthumes,
Offrez-moi un joyeux départ.
Au rendez-vous de l’amertume,
J’arrive toujours en retard.

Mes anciens chagrins se consument
En vains débris de cauchemar
Pendant que je noie dans un bar
Les invitations de ma plume
Au rendez-vous de l’amertume.

Clinquante automobile

Dans la clinquante automobile,
L’alligator s’ennuie à mort
Sous l’œil amusé du condor
Qui déteste les crocodiles.

Le troupeau de zèbres jubile
Car la lionne a perdu le nord.
Dans la clinquante automobile,
L’alligator s’ennuie à mort.

Sur le livre des Évangiles,
Le roi des animaux s’endort,
Pendant que le prince consort
Dévore une vierge nubile
Dans la clinquante automobile.

8.7.04

Ténébreux carnage

J’attends que minuit sonne au clocher du village
Pour venir dévorer les paisibles rêveurs
Que bercent tendrement les aimables lueurs
D’une lune zélée à chasser les nuages.

J’escalade sans bruit le livide visage
D’une vierge naïve aux exquises rondeurs,
Avant de m’immiscer au tréfonds de son cœur,
Où je tisse en secret un soyeux sarcophage.

Je dévide au hasard un écheveau d’horreurs,
Bardé d’un bataillon de fantômes vengeurs
Qui déchirent la nuit de leur affreux tapage.

Je plonge les esprits dans un puits de terreur,
Antichambre glacée du ténébreux carnage
Que j’ourdirai bientôt contre l’homme sauvage.

Araignée noire

L’araignée noire se balance
Sur la toile de mon cerveau
En dévidant son écheveau
Dans le tréfonds de ma démence.

Elle creuse un puits de souffrance
En lisière du jour nouveau.
L’araignée noire se balance
Sur la toile de mon cerveau.

Elle déchire mon enfance
En cris jetés au caniveau,
Avant de bâtir le caveau
De ma vaine désespérance.
L’araignée noire se balance.

Parfum de trop tard

Ce matin sonne faux.
Ma tasse solitaire
Déplore ton absence.
Le moral à zéro,
Noyée sous le silence
De mon cœur à l’étroit,
Je bois le jus amer
De l’avenir sans toi.

La journée se déroule
En vagues de tristesse.
Seule parmi la foule
Dont les regards m’oppressent,
Je drape ma douleur
D’un voile de froideur.
Les échos de ton rire
Achèvent de mourir.

Entre hier et demain,
Dans ce jour inhumain
Au parfum de trop tard,
J’erre vers nulle part,
Loin de notre demeure
Où la ronde des heures
S’acharne à assombrir
Mes frêles souvenirs.

Pour liquider votre compagne

Pour liquider votre compagne,
Achetez un méchant clébard.
Testez sur vos teigneux têtards
Les mâchoires de votre cagne.

Plutôt que de pourrir au bagne
Suite à un massacre au poignard,
Pour liquider votre compagne,
Achetez un méchant clébard.

Larguez bobonne à la campagne
Avec le molosse en pétard.
Noyez dans un flot de pinard
Le remords poisseux qui vous gagne
Pour liquider votre compagne.

7.7.04

Amnésie apaisante

Aux portes du matin, dès que le réveil tinte
Un refrain monotone aux accents de métal,
Je m’avance en solo dans le gouffre hivernal
D’un avenir hideux, exempt de nos étreintes.

Sous le linceul amer de l’espérance éteinte,
Où le spectre glacé du silence abyssal
Transforme ma mémoire en puits d’effroi létal,
Je noie mes souvenirs dans un fleuve d’absinthe.

J’efface de mon cœur ton rire de cristal,
Nos deux corps enlacés sur la piste de bal,
Tes cheveux constellés d’odorantes jacinthes.

Dans mon âme envahie d’un ennui colossal,
Un bataillon grouillant de monstrueux helminthes
Achève de ronger tes brûlantes empreintes.

Quand le soleil pointe son nez

Quand le soleil pointe son nez,
Je me drape d’un rai de lune.
Qu’importe si Dame Fortune
S’éloigne de mes yeux cernés !

Les feux du matin nouveau-né
S’engloutissent dans la lagune.
Quand le soleil pointe son nez,
Je me drape d’un rai de lune.

Sur mon visage satiné,
La nuit étend son aile brune.
Je noie le jour qui m’importune
Dans un flot de vers déchaînés
Quand le soleil pointe son nez.

Abolir les frontières

Nous abolirons les frontières
Par la gaieté de nos chansons.
Nous inviterons le pinson
À siffler sa joie printanière.

Nous prierons la rose trémière
D’embraser les sombres buissons.
Nous abolirons les frontières
Par la gaieté de nos chansons.

Munis d’un espoir incendiaire,
Nous danserons à l’unisson
Afin que les mauvais garçons
Oublient leur frénésie guerrière.
Nous abolirons les frontières.

Araignée fossoyeuse

Dormez bien, hommes vains et sylphides oisives. Aux portes de la nuit, je viens tendre mes filets sur vos rêves stupides de mortels sinistres.

Drapez-vous douillettement dans votre tiède confort. Je commence en silence mon périple sanglant dans vos cœurs endormis et vos cerveaux haineux. Sur vos chairs livides, je m’avance lascivement, solitaire et impavide.

Dans le ventre de la nuit, je tisse vos cauchemars. Je me glisse dans les interstices de vos consciences assoupies. Je m’immisce au centre de vos doutes, je ronge vos espoirs timides, je dévore vos souvenirs jaunis, je me repais de vos incertitudes. Je me vautre au tréfonds de vos défaillances.

Je lacère vos graisses bourgeoises en lambeaux tremblotants. Je déchire vos mensonges putrides. Je darde mon poison sur vos lâchetés affreuses. Je me délecte de votre solitude hostile.

Quand je m’aventure sur le visage soyeux d’une jeune ingénue, l’attendrissement me guette.
Je m’exhorte alors à la haine en mémoire de mes ancêtres anéantis par votre peuple d’immondes prédateurs. Sur l’autel de l’innocence, je porte un toast à l’armée des araignées insatiables.

Jusqu’aux lueurs de l’aube, je savoure le sang de vos carcasses indécentes. Je m’épanouis dans vos déchéances. J’écris votre épitaphe à l’encre de votre lymphe nauséabonde sur le tombeau de vos illusions boueuses.

6.7.04

Lune silencieuse

La lune silencieuse épanche avec tendresse,
Sur le monde endormi au bord de l’horizon,
Ses exquises lueurs au goût de déraison,
Zélées à calciner les nocturnes tristesses.

Accrochée à la voûte, aimable, elle s’empresse
De darder ses rayons jusqu’au cœur des maisons
Afin d’illuminer les douces floraisons
Des rêves parfumés de radieuses promesses.

Quand l’écho ténébreux d’amères trahisons
Verse dans les esprits un funeste poison,
Elle exhale un faisceau d’apaisantes caresses.

Elle danse en secret sur les murs des prisons
Son exaltant ballet de brillante déesse
Pour adoucir les nuits des bagnards en détresse.

Route de l’été

Aujourd’hui, ma poison, la route de l’été
M’emmène vadrouiller loin de tes yeux de biche
Pour mettre un point final à notre amour en friche,
Souillé par les chardons de ta cupidité.

Je t’abandonne aux mains d’imbéciles butés,
Prêts à gonfler pour toi leurs muscles de fortiche,
Avant de t’allonger un gros pacson d’artiche
Contre une nuit pétrie d’ardentes voluptés.

Ce matin, j’ai flingué ton infâme caniche
Dès qu’il s’est élancé pour me bouffer les miches,
Pendant que je pintais peinard à ta santé.

Je me marre en grillant la première cibiche
De ma vie solitaire au goût de liberté,
Tandis que tu pourris dans ta stupidité.

Fumée de ma cigarette

La fumée de ma cigarette
Éloigne les mauvais esprits.
Le tabac calcine en débris
Les peurs qui me vrillent la tête.

La clope me mène à la fête
Des épicuriens aguerris.
La fumée de ma cigarette
Éloigne les mauvais esprits.

Plutôt que de vivre à perpète
Au milieu du monde pourri
Des philistins en habit gris,
J’offre à mes poumons de poète
La fumée de ma cigarette.

Fervents enlacements

Cinq ou six fois le malheureux amant
A secoué la belle au bois dormant
Pour mettre un terme au ronflement sévère
De sa poupée au sourire polaire,
Avant d’oser l’étrangler carrément.

Sous le regard des astres de diamant,
L’homme excédé a serré fortement
Le cou chétif de sa pauvre bergère
Cinq ou six fois.

Quand la dormeuse a ouvert brusquement
Des yeux pétris d’un noir effarement,
Le malotru a troqué sa colère
Contre un bouquet de baisers liminaires
À la ferveur de leurs enlacements
Cinq ou six fois.

5.7.04

Oraison funèbre

Je déplore aujourd’hui l’atroce trahison
Du premier compagnon de ma radieuse enfance,
Infatigable ami de mon adolescence,
Zélé à m’enivrer de ses gaies floraisons.

Sombrement enfermée dans la froide prison
De ma carcasse usée, lourde de défaillances,
Je titube en solo vers le puits de silence
De mes désirs entrés dans leur morte saison.

Drapée dans le linceul de ma désespérance,
J’affronte les poignards de mes douleurs immenses
Dont la putride armée éteint mon horizon.

Sur mon corps épuisé par d’âpres déchéances,
Le fleuve des années déverse un noir poison
Dont la froideur écrit ma funèbre oraison.

Pour doubler le prince charmant

Pour doubler le prince charmant,
Emmenez la belle en voyage.
Offrez-lui une île sauvage
Bercée par un clair firmament.

Accrochez au ciel des diamants
Afin d’enflammer les nuages.
Pour doubler le prince charmant,
Emmenez la belle en voyage.

Séduisez-la adroitement
En caressant son doux visage.
Troquez vos mortels bavardages
Contre un flot de baisers gourmands
Pour doubler le prince charmant.

Festin improvisé

Pour improviser un festin
Sous l’œil ravi de vos copines,
Ouvrez des boîtes de sardines
Que vous saupoudrerez de thym.

Remuez votre popotin,
Mettez le feu à la cuisine,
Pour improviser un festin
Sous l’œil ravi de vos copines.

Qu’importe si leurs intestins
Exhalent des senteurs chagrines,
Du moment qu’elles s’imaginent
Votre savoir-faire certain
Pour improviser un festin !

Nuit parisienne

Cinq ou six fois cette nuit à Paris,
J’ai aperçu le visage assombri
D’une inconnue au sourire polaire,
Accompagnée d’un vieil atrabilaire
Au regard lourd d’un effrayant mépris.

Sourde au laïus du venimeux débris
Au cœur pétri de souvenirs flétris,
J’ai entonné une chanson solaire
Cinq ou six fois.

J’ai emmené la belle et son mari
Dans un troquet où le charivari
D’un misérable éructant sur son verre
L’odieux récit de sa vie solitaire
A délogé la joie de mon esprit
Cinq ou six fois.

4.7.04

Amour morbide

Au lent dessèchement de notre amour morbide,
Dont les vains soubresauts me déchirent le cœur,
Succède désormais un faisceau de douleurs
Germées dans le jardin de tes soupçons stupides.

Ponctuée par les coups de l’horloge impavide,
Notre passion s’effrite en souvenirs moqueurs
Où danse un bataillon de démons précurseurs
D’un horizon glacé en lisière du vide.

Le solaire cliché de notre ancien bonheur,
Cruellement privé de ses chaudes couleurs,
Présage tristement un avenir sordide.

L’océan assombri de ton aigre froideur
Engloutit savamment nos plaisirs intrépides,
Avant de nous plonger dans un silence aride.

Plateau de fromages

Sur le grand plateau de fromages
Se livre un combat acharné.
Le camembert carabiné
Lâche des effluves sauvages.

Délivré de son emballage,
Le munster me pourrit le nez.
Sur le grand plateau de fromages
Se livre un combat acharné.

J’arrose le comté hors d’âge
D’un savoureux vin résiné.
J’oublie le brie ratatiné,
Dont le piquant me met en rage,
Sur le grand plateau de fromages.

Arc-en-ciel fervent

J’accrocherai un arc-en-ciel
Sur le faîte de ta maison.
J’effacerai les trahisons
À coups de rires torrentiels.

Sous les feux d’un soleil de miel,
Je calcinerai ta prison.
J’accrocherai un arc-en-ciel
Sur le faîte de ta maison.

Loin des plaisirs artificiels,
Je guiderai ta guérison.
En lisière de ta toison,
Creuset de frissons démentiels,
J’accrocherai un arc-en-ciel.

Ami d’enfance

J’ai perdu mon ami d’enfance
Entré dans sa morte saison.
Victime de sa trahison,
Je m’abandonne à la souffrance.

Au temps de mon adolescence,
Je savourais sa floraison.
J’ai perdu mon ami d’enfance
Entré dans sa morte saison.

Je quitte la piste de danse
En consacrant cette oraison
Au corps qui flanche au diapason
De mon cœur pétri de silence.
J’ai perdu mon ami d’enfance.

3.7.04

Pause-bistrot

À l’approche du soir, le gosier asséché,
Quand ma jolie poison veut me foutre à la porte
Après avoir braillé le chant des amours mortes,
Je me barre fissa au lieu de l’amocher.

Je traîne dans un bar où deux cons éméchés
Me prennent le citron pendant que je m’exhorte
À garder mon sang-froid face à un gros cloporte
Qui me met sous le pif sa gueule d’emmanché.

Je noie les souvenirs de mon âme chagrine
Dans le torrent poisseux d’une infâme bibine
Zélée à éloigner les raseurs avérés.

Dès qu’un loustic bourré, aux fringues de pécore,
Me vrille les tympans de son rire sonore,
Je calte en insultant cet écœurant taré.

Burlingue odieux

Dans ce burlingue odieux où règne un vieux sévère
Qui ne lève son nez de son poisseux canard
Que pour pinter en douce un infâme pinard,
Je regrette en solo mon patelin pépère.

Embarquée jusqu’au soir sur l’immonde galère
D’un boulot monotone, aux accents de cafard,
Je rame de concert avec un gros anar,
Au citron envahi de slogans anti-guerre.

Noyée sous un fatras d’ennuyeux papelards,
J’échappe habilement aux venimeux connards
Venus darder sur moi leur langue de vipère.

Quand la lourde pendule annonce le départ,
Je m’arrache en courant, loin du taulier vulgaire
Qui me pourrit la vie contre un maigre salaire.

Premiers feux de l’aurore

Dès les premiers feux de l’aurore,
Je viendrai fleurir ta maison.
J’accrocherai à l’horizon
Des étoiles multicolores.

Je t’offrirai une pléthore
De plantes des quatre saisons.
Dès les premiers feux de l’aurore,
Je viendrai fleurir ta maison.

Je t’apporterai une amphore
De vin au goût de déraison.
Je calcinerai ta prison
Sous un faisceau de joie sonore,
Dès les premiers feux de l’aurore.

Sinistre poison

Loin de toi, sinistre poison,
Je calte aujourd’hui dare-dare.
Je chante en larguant les amarres,
Ravie de changer d’horizon.

Le début de ma guérison
M’attend sur le quai de la gare.
Loin de toi, sinistre poison,
Je calte aujourd’hui dare-dare.

L’amour en sa morte saison
Me prend gravement le cigare.
J’oublierai tes manies bizarres,
Au mauvais goût de déraison,
Loin de toi, sinistre poison.

2.7.04

Vers morbides

Quand les vers insolents qui grouillent de mes doigts
Rongent les souvenirs de mon âme morbide,
J’exhorte violemment leurs confrères putrides
À lacérer ma chair en lambeaux de grand choix.

Dans ma nuit solitaire au pays de l’effroi,
J’assemble des quatrains aux images livides,
Assortis à l’horreur du temps qui se dévide
En vagues de douleur, qui déferlent sur moi.

Les aiguilles glacées de l’horloge perfide
Ponctuent les errements de ma vie insipide,
Imprégnée du chagrin de mon cœur maladroit.

J’offre mes mots brûlants à la griffe du vide,
Avant de m’élancer loin des esprits étroits,
Vers le silence amer de l’avenir narquois.

Campagne sinistre

Dans ce sinistre bled, aux portes de l’enfer,
Je m’emmerde en solo à compter les moustiques,
En pleurant le départ de ma dame de pique,
Rebelle à la beauté du bocage désert.

Devant l’affreux taureau dont le regard pervers
M’engage à remercier la clôture électrique
Zélée à m’éviter un combat pathétique,
Je commence à haïr ce paysage vert.

Dans le plumard crasseux de ma ferme merdique,
Planquée sous mon duvet, je cède à la panique
Quand le ciel ténébreux lâche un faisceau d’éclairs.

L’orage à la campagne me file la colique,
Si bien qu’en pleine nuit, je change d’univers
Pour aller découvrir les joies du bord de mer.

1.7.04

Radieux lendemains

Je reviendrai bientôt en habit de lumière
Pour t’offrir un bouquet de lys et de jasmin,
Au parfum enivrant de radieux lendemains,
Ornés d’un chapelet de rires incendiaires.

Je cueillerai à l’aube une rose trémière
Que je déposerai dans le creux de ta main
Avant de te conduire au hasard des chemins
Vers un tendre avenir dépourvu de frontières.

Je clouerai une étoile au seuil de ta maison
Afin que ses rayons calcinent la prison
De ta vie solitaire au tréfonds du silence.

Je convierai la lune à bercer ton sommeil
De ses tièdes lueurs imprégnées d’espérance,
Relayées par les feux d’un bienveillant soleil.

Cité austère

Loin des jardins fleuris de mon gracieux village,
Je vadrouille en solo dans l’austère cité
Parmi un bataillon de piétons agités,
Aux oreilles vrillées par des klaxons sauvages.

Sous le ciel envahi de ténébreux nuages
Zélés à déverser d’amères saletés
Pour transformer la ville en dépotoir crotté,
Je marche en regrettant mon verdoyant bocage.

J’avance au gré des rues sous les yeux hébétés
De clochards décharnés, aux rêves avortés,
Pressés de s’embarquer pour leur dernier voyage.

Je me heurte en silence à l’âpre cruauté
De mon immeuble gris où d’hostiles visages
Augurent froidement mon imminent naufrage.

Chagrin polaire

Quand la lune renonce à percer les nuages
Dans la nuit suffocante où le bourbon hors d’âge
Ne lave pas l’effroi
De l’avenir étroit ;

Quand les mots alignés sur mon clavier maudit
Composent l’hymne amer de l’horreur à crédit,
Qui drape le caveau
De mon brumeux cerveau ;

Quand la vie se disloque en souvenirs putrides
Que dévorent sans fin les puissances du vide,
Sous l’œil indifférent
De mon sinistre écran ;

J’exhorte le soleil à calciner la Terre
Afin de mettre un terme à mon chagrin polaire.

Union latex

Union latex
Flambant vortex
Désir furtif
Nectar lascif.

Viens creuser dans ma chair
Un puits d’amour pervers.
Dirige nos frissons
Jusqu’au tendre unisson.

Noie l’écho de tes réticences
Dans le flot de nos joies immenses.
Allume les diamants brûlants
De notre plaisir insolent.