24.7.05

Graffiteurs radieux

Aussitôt que la nuit enveloppe la ville,
Les graffiteurs armés de bombes de couleur
Conjuguent leurs talents pour couvrir la froideur
Du décor bétonné de leurs dessins habiles.

Sous l’œil indifférent de la lune immobile,
Les maîtres du pochoir tracent avec ardeur
Sur les murs délabrés des motifs en l’honneur
D’un horizon pétri de promesses fertiles.

Parés de leur vision d’un flamboyant ailleurs,
Ils arpentent les rues pour composer en chœur
Des tableaux constellés de messages fébriles.

Les princes du graphisme effacent la laideur
D’un monde de grisaille, où la mort se profile,
Sous leurs fresques fleuries de joies indélébiles.

Boxeur vaincu

Le boxeur chevronné lance à son adversaire
Une volée de coups, qu’attise sa colère
De champion qui défend une médaille d’or
Arrachée à la poisse après cinq ans d’efforts.
Au mépris des douleurs qui lui vrillent la tête,
Il lâche un chapelet de directs sur l’athlète
Qui décoche en retour un crochet ravageur,
Si bien que s’amplifient les cris des spectateurs.
Sonné au dernier round, le crack déchu s’écroule
Tandis que des bravos jaillissent de la foule.

La belle et le chat

Entre l’animal et la belle
Habillée d’un voile lacté,
Se tisse une complicité
Nourrie de caresses fidèles.

Dès qu’elle effleure le pelage
Du chat à l’envoûtant regard,
Il frissonne de toute part,
Avant de lécher son visage.

Au rythme des attentions tendres
De la princesse et du félin,
Se trame un bonheur sibyllin
Dont ils explorent les méandres.

Leurs égards dressent en silence
Le palais de leur connivence.

23.7.05

Fleuris ton quotidien

Fleuris ton quotidien de bouquets enchanteurs,
Cueillis dans le jardin de la nuit, où tu cesses
D’exercer un travail dont la rigueur t’oppresse,
Pour offrir à ta belle un moment de bonheur.

Enflamme ton esprit d’insatiable lecteur
En découvrant des vers pétris d’une tendresse
Habile à engloutir les regrets qui te blessent
Au fond d’un océan de plaisir rédempteur.

Conduis tes insomnies vers le port d’une ivresse
Zélée à déliter l’écho de tes faiblesses,
À l’orée d’un matin aux présages rieurs.

Lance des chapelets de sonnets à l’adresse
De l’ami qui revient illuminer ton cœur
De ses rêves germés dans un lointain ailleurs.

Ondes de bonheur

Dans l’antre d’une nuit constellée d’auditeurs
Dont la vie monotone attise les rancœurs,
L’animateur armé de sa gaieté s’applique
À mêler sans répit discussions et musique
En un cocktail pétri de son habileté
À refleurir d’espoir les cœurs désenchantés.
Sur les esprits rongés de solitude, il tisse
Un berceau de douceur, pour qu’à l’aurore, ils glissent
Dans un puits de sommeil qu’accompagne le son
Du poste qui diffuse un bouquet de chansons.

Entre les baisers et les pleurs

Entre les baisers et les pleurs
Nourris de reproches stupides,
Le fil de la joie se dévide
En un écheveau de rancœurs.

Malgré les regards enjôleurs,
La tendresse se dilapide
Entre les baisers et les pleurs
Nourris de reproches stupides.

Après les frissons de bonheur
Assortis de serments limpides,
L’esprit morose tourne à vide,
Tandis que la passion se meurt
Entre les baisers et les pleurs.

22.7.05

Prince du pochoir

Le graffiteur armé de ses bombes promène
Son regard sur le mur qu’il s’apprête à doter
D’un motif constellé de mots ensanglantés,
Nés de ses obsessions à la violence obscène.

Au gré de son talent, il transforme ses peines
En tableaux insolents dont l’étrange beauté
Inspire aux promeneurs l’envie de visiter
Son univers d’artiste aux couleurs souveraines.

De boulevard cossu en faubourg dévasté,
Le prince du pochoir émaille la cité
De fresques imprégnées d’une rage certaine.

Guidé par les élans de son cœur indompté,
Il brosse un univers dont la ruine prochaine
Hante les inscriptions qu’il trace par centaines.

Camping de l’ennui

Dans un camping miteux au bord de nulle part,
Le parisien chagrin adoucit de pinard
Le dégoût qui l’étreint devant ce paysage
Qu’une pluie continue transforme en marécage,
Pendant que sa souris s’active à préparer
Une tambouille inapte à le revigorer.
Le gamin rondouillard s’empiffre de tartines
Sous l’œil indifférent de sa sœur qui fulmine
Contre l’entêtement de sa mère à venir
Chaque été dans ce coin ennuyeux à mourir.

Dans le jardin de la tendresse

Dans le jardin de la tendresse
Fleuri de désirs embrasés,
Poussent des gerbes de baisers,
Qu’un vent de volupté caresse.

L’amoureux mène sa princesse,
Pour un voyage improvisé,
Dans le jardin de la tendresse
Fleuri de désirs embrasés.

Sitôt que son ardeur le presse
De cueillir les fruits proposés
À ses lèvres, l’homme avisé
Conduit au plaisir sa maîtresse,
Dans le jardin de la tendresse.

21.7.05

Harmonie poétique

Au terme d’une année de luttes incessantes,
Tramées par un bouffon, médiocre gribouilleur,
Au verbiage pesant d’une amère rancœur,
Les poètes déjouent la haine grandissante.

Unis pour conjurer les attaques cinglantes
Du pantin assisté de ténébreux lecteurs,
Ils forment des bouquets de sonnets en l’honneur
D’une gaieté propice à leur verve insolente.

Ils oublient leurs conflits pour ciseler en chœur
Des diamants assemblés en poèmes rieurs
Que raille le guignol à la plume indécente.

Ils composent ensemble à l’encre du bonheur
Un ouvrage fleuri d’une joie qui supplante
La cruelle ironie du roi de la tourmente.

Bouquet de baisers

De marché citadin en fête de village,
Le séducteur armé de son humour engage
Les filles à cueillir un bouquet de baisers
Au jardin du désir, où les corps embrasés
Chantent leur volupté en accords de tendresse.
D’un regard constellé de brûlantes promesses,
Il convie les beautés à laisser leur pudeur,
Pour courir à son bras au pays du bonheur,
Où, mû par son ardeur de libertin, il tisse
Sur leur peau enfiévrée un voile de délices.

Cycliste radieux

Sitôt qu’il quitte son boulot
D’agent d’une antenne postale,
Le passionné de la pédale
Enfourche son précieux vélo.

Il se faufile dans un flot
D’autos à l’odeur infernale,
Sitôt qu’il quitte son boulot
D’agent d’une antenne postale.

Insensible au confort falot
Dans lequel ses amis s’installent,
Il s’enfuit de la capitale
Pour une balade en solo,
Sitôt qu’il quitte son boulot.

20.7.05

Internaute novice

Le gazier, épuisé d’affronter sa gonzesse
Qui s’acharne à souiller de sa mauvaise humeur
Leur unisson fleuri de frissons enchanteurs,
Se décide un matin à calter en vitesse.

Au lieu de s’abîmer dans un puits de tristesse,
Le type, encouragé par un copain noceur,
Commence à pianoter sur son ordinateur
Des annonces pétries de lascives promesses.

Dans sa nuit solitaire, il tape avec ardeur
Des chapelets de mots, qui conduisent son cœur
Au rivage brûlant d’une indicible ivresse.

L’internaute novice immerge sa rancœur
Dans le fougueux torrent de plaisir, que ne cessent
De nourrir les photos d’aguichantes princesses.

Poule sombre

Une poule, lassée de donner chaque jour
L’œuf qu’elle se fatigue à pondre avec amour
Au fermier insolent qui nourrit sa marmaille
En mettant en bouillie le fruit de ses entrailles,
Caquette amèrement sous le regard moqueur
Du coq enorgueilli de son art de chanteur.
Plutôt que son enfant finisse en omelette,
Elle l’ensevelit au fond d’une cachette,
D’où un gosse, attiré par ses agissements,
L’ôte pour le gober avec un bruit dément.

Poule chagrine

Enfermée parmi ses consœurs
Dans un poulailler minuscule,
Une pondeuse dissimule
Le chagrin qui lui noue le cœur.

Elle caquette avec ardeur
De l’aube jusqu’au crépuscule,
Enfermée parmi ses consœurs
Dans un poulailler minuscule.

Quand la nuit mêle sa noirceur
À la tristesse qui la brûle,
Secrètement, elle bascule,
Dans un désespoir ravageur,
Enfermée parmi ses consœurs.

19.7.05

Bar agité

Accoudé au comptoir, un vigoureux soiffard
Débite à l’assemblée des histoires marrantes,
Sous l’œil indifférent du patron que tourmente
Le départ de sa femme avec un salopard.

Dans un coin de la salle, un frimeur en costard
Essaie d’embobiner une inconnue craquante
Qui rêvasse au-dessus de son diabolo menthe,
Au lieu de succomber à son laïus ringard.

Un merlan agonit de railleries cinglantes
Une pute camée qui, de rage, le plante
Pour s’envoler au bras d’un séduisant loubard.

À l’heure de fermer, la serveuse serpente
Jusqu’à la table où pinte un silencieux gaillard
Qui lui règle son compte en deux coups de poignard.

Cycliste acharné

L’œil rivé à la roue d’un copain d’écurie
Occupé à grimper la côte avec furie,
Le coureur acharné s’exhorte à pédaler
Au sein du peloton dont le rythme endiablé
Déchaîne les bravos de la foule joyeuse.
Sous le soleil de plomb, le cycliste en danseuse
Étouffe les douleurs qui lui vrillent le corps,
Pour filer ardemment vers la médaille d’or,
Trophée accompagné d’une coquette prime
Dont la pensée lui donne une énergie sublime.

Lapins rebelles

Afin de s’enfuir du clapier
Où la tristesse les grignote,
Deux lapins rebelles complotent
Un plan dans le dos du fermier.

Avec un soin particulier,
Ils mettent le sol en compote,
Afin de s’enfuir du clapier
Où la tristesse les grignote.

Après un déjeuner princier,
Composé de jeunes carottes
Dont la fraîcheur les ravigote,
Ils creusent un tunnel grossier,
Afin de s’enfuir du clapier.

18.7.05

Flânerie urbaine

D’esplanade animée en boulevard tranquille,
Le marcheur solitaire explore la cité
Où le soleil couchant insuffle sa gaieté
Au ballet incessant des donzelles graciles.

Voyageur sans bagage, il visite la ville
Au hasard des quartiers dont les murs graffités
De slogans en l’honneur d’une âpre liberté
Ravivent en son cœur une émotion fébrile.

Cependant que la nuit s’empresse d’emporter
Les hommes vers leur nid de tendres voluptés,
Il arpente les rues sous la lune immobile.

Dans le jardin fleuri d’un tandem de vigiles,
Il poursuit son errance, avant de s’arrêter
Sur un banc où l’accueille un clochard édenté.

Abandon sinistre

Dans la froideur du soir, l’œil rivé à la porte
Fermée sur ses regrets, le citadin exhorte
Les anges ténébreux du néant à venir
Mettre un terme à sa vie dépourvue de plaisir.
Dans son appartement étouffant de silence,
Il sent le submerger le flot d’une démence
Nourrie de l’abandon qui lui ronge le cœur.
Le tic tac du réveil accuse la lenteur
Du temps qui le meurtrit depuis que sa princesse
A quitté sans un mot le nid de leur tendresse.

Regrets ténébreux

Dans les débris de la confiance,
Le cœur s’écorche
Aux arêtes du chagrin.

L’amertume délite
Les souvenirs brûlants
D’un unisson voluptueux.

Le silence étouffe
L’ombre d’un espoir
Dans un linceul de lassitude.

Le temps déroule
Son ruban insipide
Dans l’insomnie solitaire.

Entre un passé dévasté
Et un futur obscur,
Le quotidien s’effrite.

Dans la froideur du lit,
Le corps pèse
D’un abandon inadmissible.

Lourde de trahisons,
L’âme s’abîme
Dans une tristesse muette.

À l’angle de la joie,
La vie se dilapide
En regrets ténébreux.

17.7.05

Voluptés volages

Au bout de quinze années d’harmonie sans nuages
Avec sa dulcinée dont la lascive ardeur
Le conduit chaque jour au sommet du bonheur,
Le citadin s’éprend d’une beauté sauvage.

La bourgeoise, ulcérée par le libertinage
De son homme envolé pour un radieux ailleurs,
Apaise son chagrin dans les bras d’un charmeur
Habile à l’entraîner vers de fiévreux rivages.

Au lieu de s’abîmer dans un puits de douleur,
Elle palpite au gré des baisers enchanteurs
Que sème sur son corps son amant de passage.

Un plaisir flamboyant efface sa rancœur,
De sorte que, comblée, la donzelle envisage
Un avenir pétri de voluptés volages.

Foi chancelante

Dans l’église bondée de croyants immobiles,
En train de méditer un verset d’Évangile,
Le curé, que torture un chagrin grandissant,
S’obstine à célébrer le Christ, alors qu’il sent
L’abandonner sa foi en la vie éternelle.
Cependant qu’il invite un groupe de fidèles
À chanter un cantique avec l’enfant de chœur
Afin de glorifier la divine splendeur,
Une gerbe d’éclairs enflamme le visage
Du Seigneur qui s’effondre avec un cri de rage.

Ennui préfabriqué

De retard en reproche,
La passion se délite
En éclats de silence,
Où le rire s’étouffe.

Sur le miroir du temps,
S’estompe le projet
D’un unisson rebelle
Aux griffes du soupçon.

Le flambeau de nos joies
S’éteint dans l’océan
De nos rêves blessés
Par la monotonie.

À l’horizon se forme
Une armée de nuages
Pressée de submerger
Nos souvenirs crédules.

La main de l’amertume
Dénoue nos existences
Au seuil d’un avenir
D’ennui préfabriqué.

16.7.05

Vacances mortelles

Après un an de taf à un rythme d’enfer
Au guichet d’une banque infestée de rapaces,
La souris en congé troque son tailleur classe
Contre un jean assorti d’un T-shirt outremer.

La nana survoltée prépare en un éclair
Sa valise, sous l’œil de son jules qu’agace
Sa gaieté insolente, alors qu’elle se casse
Pour quinze jours sans lui en bordure de mer.

Sur la route du sud, la donzelle rêvasse
De vacanciers férus de voluptés fugaces,
Si bien que des frissons lui titillent la chair.

La gonzesse conduit sa tire avec audace,
Jusqu’à ce qu’un camion la heurtant de travers
L’envoie se fracasser contre un pylône en fer.

Renard affamé

Posté près de la niche où dort un labrador,
Un renard affamé sanglote sur son sort
D’animal condamné, pour gagner sa pitance,
À couvrir chaque nuit un territoire immense,
Cependant que le chien, vautré dans son abri,
Attend paisiblement l’homme qui le nourrit.
Aussitôt que le maître apporte une gamelle
Qu’accueille en gémissant son compagnon fidèle,
Le carnivore, fou de jalousie, reprend
Sa quête forcenée de gibier odorant.

Entre la lame et le poison

Entre la lame et le poison
À la pestilence explicite,
L’homme désespéré hésite,
Ballotté par sa déraison.

Las de ses échecs à foison,
Il s’exhorte à décider vite
Entre la lame et le poison
À la pestilence explicite.

Lorsque surgit à l’horizon
Un rayon d’espoir insolite,
Son envie de mourir s’effrite,
Si bien que point sa guérison
Entre la lame et le poison.

15.7.05

Princesse magnifique

Quand ma belle, éveillée par les tièdes lueurs
D’un soleil habillé de radieuses promesses,
Cueille sur mon visage un bouquet de tendresse,
Présage délicat de frissons enchanteurs ;

Quand son regard empreint d’une lascive ardeur
M’encourage à combler de fougueuses caresses
Son magnifique corps que je mène à l’ivresse
Au fil de mes baisers imprégnés de douceur ;

Quand mes mains avisées conduisent ma princesse
Au port des voluptés, où ma bouche s’empresse
De boire le nectar jailli de son bonheur ;

L’esprit débarrassé de ma sombre tristesse,
Je serre sur mon sein la reine de mon cœur,
Au seuil d’une journée qu’enflamme sa splendeur.

Dimanche ordinaire

Le temps pose un linceul d’ennui sur un dimanche
Inapte à divertir l’homme qui se retranche
Dans une songerie où s’éteignent les pleurs
De l’enfant assailli d’une étrange frayeur.
Pendue à la fenêtre, une lune timide
Essaime ses lueurs sur les assiettes vides,
Tandis que le tic tac de l’horloge conduit
Le ballet ténébreux des pensées jusqu’au puits
D’un sommeil constellé de rêves que supplante
La laideur d’un matin à la fièvre oppressante.

Infatigable aventurier

Avec son cahier à spirale
Couvert de dessins coloriés,
L’infatigable aventurier
Construit son bonheur sans escale.

Dans les rues d’une capitale,
Il escorte des écoliers,
Avec son cahier à spirale
Couvert de dessins coloriés.

Accompagné par des cigales,
Il arpente un chemin côtier,
Avant de partir en voilier
Pour une balade estivale,
Avec son cahier à spirale.

14.7.05

Tourteau amer

Le tourteau, étendu sur un lit de glaçons,
Regarde le vendeur emballer des poissons,
En tremblant de frayeur lorsque sa main s’avance
Vers le casier puant où il souffre en silence.
Entouré d’un amas de compères mourants,
Il bénit le patron qui vante les harengs
Au client qui réclame une fraîcheur parfaite,
Avant de s’affoler quand un regard s’arrête
Sur son corps rebondi de crabe condamné
À composer l’entrée d’un repas raffiné.

Mouton rebelle

Dans la paisible bergerie
D’où s’exhalent d’âcres odeurs,
Le mouton vêtu de blancheur
Regrette la tendre prairie.

Loin de la nature fleurie,
Il sent l’ennui ronger son cœur
Dans la paisible bergerie
D’où s’exhalent d’âcres odeurs.

Debout dans la paille pourrie
Dont l’effroyable puanteur
Attise sa mauvaise humeur,
Il trame une mutinerie
Dans la paisible bergerie.

Errance urbaine

Au terme d’un conflit affligeant de violence,
La femme exaspérée plante son mec braillard,
Avant de vadrouiller au gré des boulevards
Dont la calme noirceur étouffe sa prudence.

Dans la ville endormie, elle marche en silence,
Lorsqu’un individu surgi de nulle part
L’agrippe en lui collant sous le pif un poignard,
Si bien qu’elle lui tend son sac sans résistance.

La nana dépouillée promène son cafard
Jusqu’à l’aube où, fourbue, elle entre dans un bar
Bourdonnant de fêtards sourds à ses doléances.

La donzelle sourit quand un type en costard
L’invite, d’une voix pétrie de bienveillance,
À trinquer au matin rayonnant d’espérance.

13.7.05

Vacances prometteuses

La donzelle, partie pour un mois enchanteur
Loin de son bouge noir d’une puante crasse,
Se rue vers sa bagnole où, fébrile, elle entasse
Des fringues assorties à son style aguicheur.

La solitaire appuie sur l’accélérateur
De son bruyant tacot dont la lenteur l’agace,
Pendant qu’elle agonit le mec qui la dépasse
De jurons qu’il déjoue d’un méchant bras d’honneur.

Quand un clébard jailli d’un chemin se fracasse
Contre son pare-chocs, la gonzesse se casse
Sous le regard du maître effondré de douleur.

Rebelle à la beauté du paysage où passe
Sa caisse dont l’ennuient les sursauts du moteur,
La citadine file au pays du bonheur.

Vache chagrine

Une vache, lassée de sa vie ennuyeuse,
Beugle quand le fermier apporte la trayeuse.
La laitière cloîtrée jalouse les canards
Qui, du matin au soir, courent de toute part,
Tandis qu’elle moisit dans l’étable puante
Où le mugissement de ses sœurs la tourmente.
Elle envie les poulets qui s’ébattent dehors
Sous un soleil habile à réchauffer leur corps,
Cependant qu’enfermée dans sa prison obscure,
Elle mange du foin en rêvant de pâture.

Étendue près de son amant

Étendue près de son amant
Dont le silence l’empoisonne,
La belle en nuisette bougonne,
Les yeux rivés sur son roman.

Elle gémit amèrement
Sur ses insomnies monotones,
Étendue près de son amant
Dont le silence l’empoisonne.

La donzelle, au bout d’un moment,
Lassée de veiller, abandonne
Son livre près du téléphone,
Pour fuir dans un rêve charmant,
Étendue près de son amant.

12.7.05

Prière sensuelle

Dans mes nuits d’insomnie, viens dessiner, princesse,
Un chemin émaillé d’exquises voluptés,
Afin de consoler mon esprit infesté
D’atroces obsessions dont la vigueur m’oppresse.

Dépose à mon chevet un bouquet de tendresse
Habile à repousser les démons entêtés
À danser dans mon cœur un ballet agité,
Avant de m’enflammer au fil de tes caresses.

Immerge les regrets zélés à me hanter
Au fond d’un océan de frissons indomptés,
Artisans passionnés d’une subtile ivresse.

Couvre-moi de baisers prompts à réconforter
Mon âme que tourmente une amère tristesse,
De sorte que je boive au puits de tes promesses.

Gribouilleur perfide

Pressé de retrouver son amante infidèle,
Envolée sans un mot, le gribouilleur harcèle
Les mordus d’Internet de ses laïus geignards,
Afin de les mêler à ses tours revanchards.
Il livre à l’assemblée ses peines de ménage
En priant que, touchés par ses vibrantes pages,
Des inconnus naïfs acceptent de l’aider
Dans ses machinations de vengeur obsédé.
Les lecteurs qu’il essaie de gagner à sa cause
Déjouent sa perfidie en ignorant sa prose.

Poison punie

Afin de punir la poison
Qui le raille avec insolence,
Le malotru furieux se lance
À sa chasse dans la maison.

Excédé par ses trahisons,
Il s’abandonne à la violence,
Afin de punir la poison
Qui le raille avec insolence.

Grisé par l’alcool à foison
Qu’il boit pour noyer ses souffrances,
Le type exaspéré s’avance
En hurlant avec un tison,
Afin de punir la poison.

11.7.05

Kermesse animée

Pendant que le gamin dilapide en vitesse
Le paquet de pognon allongé par sa sœur
Pour qu’il taise le nom de l’élu de son cœur,
Le père en loucedé reluque les gonzesses.

La daronne, accostée par un raseur, s’empresse
D’aller se réfugier près de l’instituteur
Occupé à jacter avec le directeur
Qui dévore un beignet dégoulinant de graisse.

L’alcool dont il abuse engloutit la pudeur
Du maître qui, paré d’un regard enjôleur,
Propose à la souris de quitter la kermesse.

Le couple improvisé de libertins délaisse
La fête constellée de garnements rieurs,
Afin de s’échapper vers un furtif bonheur.

Poète voluptueux

Loin de la frénésie de ses contemporains
Occupés à bâtir un avenir empreint
D’un savoir parfumé d’une aigre suffisance,
Le poète compose au fil de ses errances
Des versets qu’il dédie aux accortes beautés
Qui constellent ses nuits d’ardentes voluptés.
Il cisèle des vers en l’honneur des princesses
Qui mènent son désir au port de leur tendresse.
Il flâne dans les rues dès que tombe le soir,
Pour offrir au public ses mots pétris d’espoir.

Pintade grillée aux rondelles de petits oignons

Devant son écran foudroyé
Par un violent coup de tonnerre,
La pintade ivre de colère
Se répand en cris éraillés.

Ses cinglants jurons de vipère
Meurent dans son triste foyer,
Devant son écran foudroyé
Par un violent coup de tonnerre.

Seule avec sa rage, elle espère
Trouver un moyen d’envoyer
Son fiel sur le Net émaillé
D’ennemis qu’elle vitupère,
Devant son écran foudroyé.

10.7.05

Rencontre salutaire

Dès que la nuit revêt les rues de la cité
D’une froideur habile à souligner l’absence
De sa belle abîmée au fond de la démence,
L’homme quitte sa chambre à pas précipités.

Il flâne dans le parc lourd d’une obscurité
Émaillée de clochards dont la désespérance
L’invite à s’envoler vers le centre où commence
Un étrange ballet d’inconnus agités.

Porté par le hasard, le solitaire avance
Jusqu’à la gare grise où les trains en partance
Attisent ses regrets d’amant désenchanté.

Sitôt qu’une étrangère habillée d’élégance
S’approche en arborant un regard velouté,
Il sent le submerger un désir exalté.

Sombre abandon

À quoi bon patienter dans cet appartement,
Pendant que, loin de moi, tu cueilles des baisers
Sur le corps d’inconnus qui cachent savamment
Leur insipidité sous des flots de rosé ?

À quoi bon feuilleter les albums de photos
D’une brûlante union souillée par tes mensonges,
Au matin où les crocs de la jalousie rongent
Mon désir effréné de te revoir bientôt ?

À quoi bon cultiver le jardin de l’espoir,
Quand mon cœur se déchire aux vigoureux chardons
Du chagrin qui m’étreint depuis ton abandon
Inscrit en mots sanglants à même le miroir ?

À quoi bon sursauter lorsque le téléphone
Effrite le silence où germent mes douleurs,
Puisque, la voix brisée, j’éconduis le raseur
Inapte à réprimer ton rire qui résonne ?

À quoi bon sangloter dans la froideur du lit
En songeant aux années de notre connivence,
À l’heure où la pendule accuse ton absence,
Terme d’un unisson éteint dans ton oubli ?

Destins de mollusques

Dans la tendre fraîcheur des laitues, se prélasse
Un escargot dodu qu’observe une limace
En train de traverser un carré de fraisiers.
L’élégante sourit de l’animal grossier,
Obligé de traîner sa pesante coquille,
Tandis que, sans fardeau, lisse comme une anguille,
Elle avance gaiement dans le jardin fleuri.
Fatigué, le rustaud rentre dans son abri,
De sorte que le chat, ignorant sa présence,
Terrasse la moqueuse habillée d’imprudence.

9.7.05

Temps sinistre

Sur le cadran étroit de la montre, s’égrène
La mélodie du temps, que le poids colossal
D’un ennui distillé par les anges du mal
Pulvérise en lambeaux de tristesse lointaine.

De seconde en minute et de jour en semaine,
Les lames acérées du néant terminal
Dessinent le chemin d’un désordre mental
Qu’accentue le tic tac à la froideur obscène.

Le présent se délite en un lacis banal
De regrets balayés par le ressort spiral
Du destin insensible aux obsessions humaines.

L’avenir se déchire aux pointes de métal
Du chronomètre affreux qui, sans répit, entraîne
La conscience au tréfonds d’un océan de peines.

Sombre terroriste

Le terroriste, armé d’une fièvre démente,
Se prépare à jeter une bombe sanglante
Dans un bruyant wagon bondé de travailleurs
Sacrifiés sur l’autel de sa noire ferveur.
Aveuglé par sa foi, le sombre énergumène
S’apprête à déclencher une épouvante obscène
Dans l’antre du métro peuplé d’Occidentaux
Que son engin de mort terrassera bientôt.
D’une main assurée par son âpre croyance,
Il fauchera la vie d’inconnus sans défense.

Brusque colère

Mû par une brusque colère
Née d’un regard lourd de mépris,
Le type cogne sa souris
Qui, sonnée, tombe face à terre.

Devant le nez de sa bergère,
Il fracasse un plat hors de prix,
Mû par une brusque colère
Née d’un regard lourd de mépris.

Tandis que la femme s’affaire
À débarrasser les débris
Avec un sourire contrit,
Le malotru la vitupère,
Mû par une brusque colère.

8.7.05

Fée du firmament

Venue d’une planète en train de s’effriter
Dans une galaxie qu’un froid soleil éclaire,
La fille de l’espace atterrit sur la Terre,
Parmi un chapelet de badauds agités.

La princesse parée d’une étrange beauté
Se promène au hasard des bruyantes artères
D’une ville bondée d’inconnus qui s’affairent
À noyer leur ennui dans la frivolité.

Lorsque la créature empreinte de mystère
Pénètre dans la gare habillée de misère,
Une gerbe d’éclairs enflamme la cité.

Aussitôt que s’éteint le fracas du tonnerre,
La fée entonne un chant habile à envoûter
La foule que surprend la brusque obscurité.

Destin de libertin

Les chants désespérés abusent les candides
À l’esprit envahi de rêves insipides.
Lorsque le libertin, las d’être ballotté
Sur l’océan fougueux des brèves voluptés,
Où son âme avisée entrevoit son naufrage,
Décide d’accoster un paisible rivage,
L’horizon se revêt d’un soleil malicieux,
Zélé à raviver un désir prodigieux
Dans son corps vigoureux, de sorte que, fébrile,
Il reprend son périple aux rencontres fertiles.

Harmonie brisée

Chaque soir,
Figée dans ma souffrance,
Je t’attends en silence.
Sitôt que tu parais,
Je m’empresse,
Mue par un tendre espoir,
D’oser une caresse,
Préambule discret.

(Refrain)
Pendant que, drapée de froideur,
Tu rêves d’un radieux ailleurs,
Je tente d’endiguer mes pleurs.

Dans le lit
Où je m’ennuie sans toi,
Tristement j’entrevois
Parmi tes trahisons
Un abîme.
L’écho de nos conflits,
Que l’orgueil envenime,
Menace ma raison.

Refrain

À quoi bon
Accepter l’inconnu,
Lorsque le fil ténu
De notre union s’effrite ?
Peu m’importe
Tes regards furibonds.
Le flot des jours emporte
Notre harmonie tacite.

Refrain

La pluie martèle les carreaux
D’un refrain sinistre aujourd’hui.
Mon amertume me conduit
À fureter dans ton bureau.


Sur la table
De la salle à manger,
Un billet messager
De ton départ soudain
Me désole.
Seule avec ma douleur,
Je comprends que tu voles
Vers un nouveau bonheur.

Refrain

7.7.05

Futur voluptueux

Pendant que le gazier s’esquinte à turbiner
Dans un bureau cossu pour un coquet salaire,
Sa gonzesse se tire, afin de se soustraire
À la désolation d’un amour confiné.

À l’insu de son homme en train de s’échiner
Sur les comptes abscons d’une banque étrangère,
La souris, hermétique au monde des affaires,
File vers un futur de rires effrénés.

De retour au bercail, le bosseur fourbu flaire
Un lézard qu’il essaie de noyer dans les verres
De whisky, qui concluent son maussade dîner.

Loin de son mec prostré sur son lit solitaire,
La nana met les bouts vers un rivage orné
De vacanciers experts en frissons acharnés.

Avenir obscur

Le temps se dilapide en un lacis obscur
D’obsessions, qu’engloutit le génie du futur
Insensible aux frayeurs des humains qui ne cessent
De brûler dans le feu de l’oubli les richesses
D’un savoir établi dans les siècles passés.
Les esprits orgueilleux s’empressent d’effacer
Les traces d’une histoire aux promesses immenses,
Pour instaurer un monde où leur sombre puissance
Condamne la sagesse à mourir sur l’autel
D’un avenir où règne un désespoir cruel.

Noirceur urbaine

La ville accuse la tristesse
Des zonards qui noient dans l’ivresse
Un indicible désespoir
Poussé dans une adolescence
Parsemée de vaines violences
Jaillies sur le fil du rasoir.

(Refrain)
Vide immense une errance.
Un lacis de sourdes souffrances
Germées dans le béton d’où sort
L’armée des anges de la mort.
L’écho d’un souvenir d’enfance.
Vide immense une errance.
Un monde où s’éteint l’innocence.
Un ouragan à l’horizon.
La joie en sa froide saison
Au royaume de l’insolence.

Aux portes du soir, ils arpentent
Les rues pour semer l’épouvante
Parmi les groupes de flâneurs,
Qui fuient vers leur appartement
Quand résonnent des cris déments
Qui prophétisent le malheur.

Refrain

Les voyous cherchent la bagarre
Dans le jardin où les rembarrent
Des vagabonds à la peau grise,
Avant de filer à moto
Dans un bistrot où leurs couteaux
Effraient les bourgeois en chemise.

Refrain

Grisés par l’alcool, ils harcèlent
De grossièretés des donzelles,
Sous les yeux de clients poltrons
Qui plongent le nez dans leur verre,
Tandis qu’un barman en colère
Brandit le fusil du patron.

Refrain

6.7.05

Destin de pied

Sitôt que le réveil l’arrache à la douceur
De la nuit où, serré contre son frère, il panse
Les plaies de la journée d’un baume de silence,
Il arpente un parquet désolant de raideur.

Après un bref répit dans un bain enchanteur
D’où il ressort paré d’enivrantes fragrances,
Il enfile un chausson dont la laideur offense
Son respectable orgueil de discret séducteur.

Dès qu’un soulier de cuir l’emprisonne, il s’élance
Dans la ville animée pour, malgré ses souffrances,
Conduire à son bureau le vigoureux marcheur.

À la tombée du soir, il martèle en cadence
Le trottoir encombré d’individus porteurs
De riches mocassins qu’il double avec fureur.

Rencontre sensuelle

Au moment attendu d’une tendre rencontre
Dans le parc assombri, l’œil rivé à sa montre
Où le temps paresseux s’étire insolemment,
Le citadin paré d’un sourire charmant
Implore le destin pour que bientôt paraisse
Sous ses yeux bienveillants une accorte princesse.
Insensible aux jurons d’un clochard titubant,
Il se lève d’un bond lorsque, devant son banc,
Se dresse une inconnue dont la beauté suscite
Dans son corps vigoureux un désir explicite.

Dans la froideur de la cellule

Dans la froideur de la cellule
Que rétrécit l’obscurité,
L’homme prie le ciel d’écourter
Sa vie que le meurtre macule.

Tandis que le remords le brûle,
Il tourne à pas désenchantés
Dans la froideur de la cellule
Que rétrécit l’obscurité.

Dans ses insomnies se bousculent
Des souvenirs ensanglantés
Qui s’allient pour le tourmenter,
Si bien que sa raison bascule
Dans la froideur de la cellule.

5.7.05

Princesse chagrine

Dans son riche palais où défilent sans cesse
Des prétendants parés d’un sourire charmeur,
La belle, environnée de myriades de fleurs,
Dissimule en son âme une amère tristesse.

Quand, touché par sa grâce, un soupirant la presse
D’enlever les atours qui voilent sa splendeur,
Elle le congédie pour éclater en pleurs
Inaptes à laver l’obsession qui la blesse.

Devant le froid miroir qui renvoie sa blancheur,
L’altesse désolée condamne la laideur
De ses pieds dont la taille accuse la rudesse.

Aussitôt que le drap étire sa douceur
Sur son corps solitaire, en rêve, la princesse
Chausse des escarpins d’une exquise finesse.

Passions voluptueuses

De Parisienne blonde en étrangère brune,
Mon désir vagabonde au gré de ma fortune,
Dans la ville fleurie d’aguichantes beautés
Que j’invite au pays des frissons indomptés,
Bordé d’un océan d’enivrante tendresse,
Habile à raviver l’ardeur de mes princesses.
Au fil des voluptés que je cueille au hasard,
Je poursuis mon chemin, insensible aux regards
D’inconnus qui, jaloux de ma joie rayonnante,
Lancent sur mes passions des piques insultantes.

Dans les débris de la parole

Dans les débris de la parole,
Constellés de regrets épars,
Les mots s’unissent au hasard
En une étrange farandole.

Le temps s’étire en heures molles
Qui distillent des cauchemars
Dans les débris de la parole,
Constellés de regrets épars.

Les ombres de l’espoir s’envolent
Vers le ciel voilé de brouillard,
Tandis qu’un silencieux cafard
Enserre l’âme qui s’immole
Dans les débris de la parole.

4.7.05

Combat céleste

Au paradis, les saints drapés dans leur splendeur
Unissent leurs talents pour écrire un cantique,
Afin de célébrer le Seigneur magnifique
Qui conduit les croyants vers d’infinis bonheurs.

Le diable, exaspéré par cet air en l’honneur
D’un Dieu indifférent à son fiel maléfique,
Court chez son ennemi, où, vengeur, il s’applique
À brûler l’assemblée des célestes chanteurs.

Tandis que meurt l’écho de la pieuse musique,
Le firmament flamboie sous le feu fantastique
Du maître de l’enfer, écumant de fureur.

À l’horizon rougi par les éclairs cosmiques
Que lance le démon contre le Créateur,
Un ouragan augure un monde de terreur.

Médecin chaleureux

Drapé dans un savoir au parfum de mystère,
Le médecin reçoit les patients qu’il s’affaire
D’apaiser par des mots imprégnés de chaleur.
D’un bienveillant sourire, il endigue les pleurs
D’un gamin que tourmente une forte rougeole,
Avant de rassurer un vieillard que désole
La douleur qui s’acharne à lacérer son corps
De ses lames glacées, prophètes de la mort.
D’un regard débordant de tendresse, il soulage
Un jeune dont l’acné dévore le visage.

Sur la pendule de l’espoir

Sur la pendule de l’espoir,
Les secondes se dilapident
En lambeaux de regrets acides,
Constellés de papillons noirs.

Le temps exécute au rasoir
Le cadre d’un futur morbide.
Sur la pendule de l’espoir,
Les secondes se dilapident.

L’aiguille au brillant d’ostensoir
Poursuit son avancée rapide
Vers un monde où l’ange du vide
Assène des coups de boutoir
Sur la pendule de l’espoir.

3.7.05

Dilemme funeste

Dans la voûte enflammée par un soleil limpide
Qu’attise le démon assoiffé de chaleur,
Se déroule un combat entre le Créateur
Et les forces du mal aux mâchoires avides.

Tandis que Dieu, porté par sa tendresse, guide
Les hommes sur la voie de célestes bonheurs,
En semant des versets qui scellent leur ferveur,
Le diable leur insuffle un désespoir morbide.

Pendant que le Seigneur distille dans les cœurs
Un élixir d’amour parfumé de douceur,
Lucifer leur envoie des envies de suicide.

Tiraillés entre un flot de psaumes rédempteurs
Et un marais ombreux de pensées homicides,
Les esprits, terrifiés, s’abîment dans le vide.

Piètre poète

Le cerveau encombré de rêves sulfureux,
Inaptes à donner un sens à ses jours creux,
La poète privée d’inspiration s’enferre
Dans sa méchanceté de vieille solitaire.
Sitôt qu’elle découvre un ouvrage pétri
De diamants ciselés par un brillant esprit,
Elle sent l’envahir une mauvaise rage,
Si bien qu’elle agonit de railleries sauvages
L’écrivain qui, surpris de son âpre rancœur,
Oppose à sa bêtise un silence moqueur.

Entre sa bouteille et ses clopes

Entre sa bouteille et ses clopes
Qui le revêtent de brouillard,
Le poète vit à l’écart
D’un monde où la haine galope.

Il forge un kaléidoscope
D’écrits fleuris d’espoirs épars,
Entre sa bouteille et ses clopes
Qui le revêtent de brouillard.

Lorsque l’ivresse l’enveloppe
D’une joie qui noie son cafard,
Il compose des vers paillards,
Nés de ses désirs nyctalopes,
Entre sa bouteille et ses clopes.

2.7.05

Pieds rebelles

Figés dans la froideur d’un sonnet composé
Par un maître insensible à leur délicatesse,
Les pieds, serrés en vers d’une égale tristesse,
Rêvent de s’échapper de leur cadre imposé.

Lassés de s’enchaîner dans le modèle usé
Que l’artiste acharné manie avec adresse,
Ils s’enfuient de concert, pour former en vitesse
Sur une page vierge un texte improvisé.

Le poète, à la vue de l’œuvre qui transgresse
Les règles qu’il applique avec passion, s’empresse
De remettre les mots dans un ordre avisé.

Fils d’une prosodie dont les lois les oppressent,
Les vocables vaincus décident d’opposer
À l’écrivain borné un silence rusé.

Virée cosmique

Envolée ce matin vers une lune rouge,
J’aborde par hasard une planète où bouge
Un océan orné de chatoyants diamants
Qui dansent un ballet aux présages charmants.
Un bouquet de nuées verse une bruine orange
Sur le sol constellé de végétaux étranges,
Pendant qu’un vent gorgé d’enivrantes odeurs
Fredonne à mon oreille un hymne de bonheur,
Si bien qu’encouragée par sa tiède caresse,
Je plonge dans les flots où s’éteint ma tristesse.

Avec ses godillots crottés

Avec ses godillots crottés,
Le sergent arpente la plaine
Constellée d’un amas obscène
De cadavres déchiquetés.

Il garde un silence attristé
Devant les dépouilles humaines.
Avec ses godillots crottés,
Le sergent arpente la plaine.

Sitôt qu’il entend sangloter
Un gamin mourant qui se traîne
Sur l’autel hideux de la haine,
Le soldat vole à ses côtés
Avec ses godillots crottés.

1.7.05

Alcool ravageur

Après l’apéritif, offert par un ringard
Désireux d’instaurer une cordiale entente
Avec les vacanciers logés près de sa tente,
Le gazier éméché se finit au pinard.

Au cours du pique-nique, il balance des chtars
À son gosse agité dont les cris le tourmentent,
Avant de corriger d’une gifle cinglante
Sa souris qui s’amuse à draguer un lascar.

Sa gonzesse, excédée par ces scènes violentes,
Attrape le moutard pétrifié d’épouvante,
Pour s’enfuir sous les yeux d’un joggeur rigolard.

Seul avec le clébard, le picoleur, que hante
Le démon de l’angoisse au visage blafard,
Interrompt son destin sur le fil d’un poignard.

Chaussures châtiées

La chaussure, lassée d’endurer le martyre
De balades gâchées par un pied qui transpire,
Trame avec sa frangine inondée de sueur
Une machination pour punir le marcheur.
Quand, revenu d’un tour dans la cité, il laisse
Les croquenots crottés pour passer en vitesse
Des chaussons dont l’étoffe augure le confort,
La paire négligée file sans bruit dehors.
Les souliers se replient au fond d’une poubelle,
Où les dévore un chien à la gueule cruelle.

Dans les profondeurs de l’enfer

Dans les profondeurs de l’enfer,
Qu’illumine un feu satanique,
Le démon survolté fabrique
Des oiseaux aux griffes de fer.

Afin d’écraser l’univers,
Il forme une armée métallique
Dans les profondeurs de l’enfer,
Qu’illumine un feu satanique.

Le diable, fossoyeur expert,
Prépare un assaut fantastique
Contre la Terre qu’il se pique
D’ensevelir en un éclair
Dans les profondeurs de l’enfer.