31.12.06

Bouquet de plaisirs

Le cœur ouvert au vent dont les fraîches spirales
Emportent mon chagrin dans un lointain désert
Où le temps se déroule en éternel hiver,
Je plonge dans le puits de ma joie estivale.

J’égrène vivement les savoureux pétales
Des roses que je lance au hasard dans les airs
Pour former un tableau dans le bleu outremer
Du ciel où le parfum de ma gaieté s’exhale.

Je compose un bouquet de plaisirs inédits,
Embrasés par les feux du soleil de midi,
Pour guider mon chemin vers le rebord du monde.

J’offre mon âme libre à l’ouragan soudain
Qui creuse un gouffre où meurt ma tristesse profonde,
Pendant que je façonne un exaltant jardin.

Combat champêtre

Sous le ciel inversé, la rose solitaire
Exhorte le chardon au manteau épineux
À venir habiter son jardin lumineux,
Peuplé d’un bataillon de plantes potagères.

Le nouvel arrivant s’oppose à la vipère
Dont le corps se déroule en mouvements haineux
Afin d’emprisonner sous ses crocs venimeux
L’invité qui réplique en piquante colère.

Le combat se termine en spectacle violent
Où frémit le serpent dont les anneaux sanglants
Enserrent fermement la plante agonisante.

Sous l’œil indifférent du soleil matinal,
Le jardin revêtu de sa robe innocente
Oublie la cruauté du défunt animal.

Châtiment final

Au centre d’un désert à l’ennui hivernal,
Dans sa peau de chagrin crasseuse de misère,
Aux portes de l’effroi, un dieu se désespère
Devant l’éternité au rythme sépulcral.

Sur la terre guidée par les forces du mal,
L’homme muni d’un cœur à la froideur polaire
Déchaîne un tourbillon de terreur sanguinaire
Dont les brûlots mortels empestent le métal.

Quand un engin sanglant s’empare de son frère,
L’humain fustige ceux dont les sacrés mystères
Promettent pour demain un bonheur idéal.

Il voue le Créateur aux flammes solitaires
Avant de condamner au châtiment final
Les bouffons arborant l’habit de général.

Figures géométriques

Géométrie, déploie tes joyeuses figures.
Cercle, roi de l’ennui, au terme indéfini,
Tes points, jumeaux serrés, définissent le nid
Où ton centre s’inscrit, loin de ta quadrature.

Triangle, étire-toi, allonge ta stature.
Du haut de ton sommet qui donne le tournis,
Étends tes traits pentus vers tes angles unis
Par ta base où s’élève ardemment ta structure.

Rectangle, deux à deux s’alignent tes côtés
Comme ceux d’un carré que des calculs ratés
Forceraient à former une étendue rebelle.

Droite, tranche gaiement l’espace traversé
En deux mondes disjoints dont ta ligne cruelle
Contraindra l’harmonie à s’écrire au passé.

24.12.06

Fleurs aux frêles beautés

Fleurs aux frêles beautés, exhalez vos senteurs
Pour charmer les amants qui tendrement composent
Un concerto d’espoir accordé à la rose
Dont le velours soyeux explose en gaies couleurs.

Reines de nos bouquets aux pouvoirs enchanteurs
Dont la vie se consume entre des murs moroses,
Embrassez aujourd’hui les plus nobles des causes
En offrant aux enfants votre écrin de douceur.

Chassez l’indifférence enveloppant les choses
D’un voile silencieux où l’ennui se dépose,
En semant vos parfums dans les nuits des rêveurs.

Combattez l’âpreté des rayons querelleurs
D’un soleil venimeux, levé dès l’aube rose
Pour vous assassiner sous sa lourde chaleur.

Reine de mes pensées

Reine de mes pensées, princesse de mon âme,
Tu dilues mon chagrin dans l’eau de ton regard
Dont l’exquise douceur arrache les poignards
De mon passé brûlant à la saveur de drame.

Ta main, oiseau de joie, danse comme une flamme
Sur mon corps assoupi, noyé dans le brouillard
De ma vie monotone, érigée en rempart
Contre les illusions où la douleur se trame.

De ta peau veloutée, plus tendre qu’une fleur,
S’exhale un doux parfum qui enivre mon cœur
Dont le rythme s’anime en ardente musique.

Ton sourire assuré au charme délicieux
Apaise les élans de ma peur erratique,
Vaincue par l’harmonie de nos désirs radieux.

Festin coloré

Tendres morceaux d’agneau, mijotez en silence
Pendant que j’assassine un innocent tourteau
Qui, plongé dans l’eau chaude, agonise aussitôt,
Si bien que je souris avec bonne conscience.

Les primeurs colorés, achetés en urgence,
Se jettent vivement sous le fil du couteau
Qui découpe illico les gracieux végétaux
En minces filaments d’exquise consistance.

Je m’active à créer un défilé de plats
Que conclut brillamment la mousse au chocolat,
Dont le parfum subtil exalte ma fringale.

Cependant que j’attends mes premiers invités,
Je compose un cocktail aux notes tropicales
Afin de leur offrir un avant-goût d’été.

Symphonie de couleurs

Le silence de sable au centre de l’infini s’égoutte dans une éternité de funambule. La symphonie de l’oubli décline ses couleurs en une logorrhée grotesque. La terre lèche les derniers vestiges de l’humanité, plaies qui se dissolvent dans le lit de l’aube abolie.
Des humains disparus, seule témoigne une croix érigée en doigt de regret, accrochant des perles de lune.
Architecte du destin, le hasard facétieux bâtit un univers paisible et harmonieux, pas à pas, formé de touches d’abandon aux teintes délicates. Au sein de cet équilibre minéral, des labyrinthes cubiques gorgés de lumière accrochent les étoiles et reflètent le ciel surpris, inversé en éclats de promesses. La nuit s’échappe en perles distraites devant l’espace doré, complice du possible au bord d’une douce amnésie.

17.12.06

Couleurs du bonheur

J’accorderai ton âme aux couleurs du bonheur,
Assemblées par ma main en taches éclatantes
Formant un arc-en-ciel à l’alchimie vibrante,
Qui versera sa joie dans le fond de ton cœur.

Je mêlerai le vert des marines fraîcheurs
Au rouge incandescent des laves jaillissantes
Qui masqueront le noir des cryptes effrayantes
Où le temps ravageur se livre à des horreurs.

J’ajouterai le bleu de l’insondable espace,
Impassible témoin des mortelles grimaces,
Au blanc immaculé des serments éternels.

J’achèverai mon œuvre en posant une touche
Du jaune de la lune illuminant le ciel
Sous le regard jaloux de planètes farouches.

Couleurs musicales

J’écris des mélodies aux couleurs de la gamme
Sur mon clavier subtil à la voix de cristal,
Qui cisèle des sons dont le flot triomphal
Exhale des accords brûlants comme des flammes.

Le Do jaune de l’or annonce le programme,
Suivi du Ré orange exaltant le moral.
Le Mi rouge accordé à la fureur des lames
S’unit au Fa violet du satin sépulcral.

Puis le Sol indigo d’une étendue marine
Se mélange au La bleu du ciel qui s’illumine
Sous les feux d’un soleil au parfum de printemps.

Le Si vert des forêts à la beauté placide
Forme la conclusion du cantique éclatant
Que je joue pour tromper le silence livide.

Couleurs furieuses

Un tourbillon cinglant de profondes couleurs
S’étire violemment dans les plis de mon âme
Condamnée à subir un arc-en-ciel de flammes
Dont les langues rougies me calcinent le cœur.

Mes teintes préférées exaltent ma fureur.
Le bleu métal s’accorde à la froideur des lames
Qui sculptent dans mon corps des blessures infâmes
Vomissant des torrents de sanglantes douleurs.

Le jaune du citron déverse son acide
Dans mon esprit noirci dont la joie se dévide
Sur le rouet cruel de l’avenir glacé.

Le vert de moisissure étale sa poussière
Sur l’écheveau obscur de mes espoirs blessés
Qui meurent doucement au creux de mes paupières.

Visions colorées

Sur la planète bleue,
De petits hommes verts
Tirent à boulets rouges
Sur les humains qui bougent
Pour éteindre l’enfer
Qui leur brûle les yeux.

Au cœur de mes nuits blanches
Tapissées d’idées noires,
Dans mes draps bleu pervenche,
Je rêve d’un désert
Pour composer des vers
Au pays de l’espoir.

Lassée de mes peurs bleues,
Je pars de but en blanc.
Je cours me mettre au vert,
Couler des jours heureux,
Loin de mon triste écran
Que je jette à la mer.

Près de mon cordon bleu,
Je vois la vie en rose
Même si je ris jaune
Devant les autochtones
Qui préfèrent la prose
À mes sonnets radieux.