31.3.07

Faisceau du bonheur

Au tréfonds de la nuit pétrie de ton absence,
Je compose en secret un subtil élixir
Au chatoyant parfum d’un radieux avenir,
Où l’ange de la joie efface les souffrances.

Dans mon jardin obscur, imprégné de silence,
Où la fleur de l’amour commence à se flétrir,
Je cueille à ton insu un bouquet de désirs,
Enivrant messager de ma tendresse immense.

Je noie le bataillon de mes papillons noirs
Dans le flot bouillonnant de mon nouvel espoir,
Constellé de diamants aux lumières limpides.

J’assemble un chapelet de perles de bonheur
Afin de calciner mes souvenirs putrides
Sous le faisceau ardent de leurs chaudes couleurs.

Navire d’espoir

Insensible au glacier qui confine mon cœur
Dans sa prison d’effroi au tréfonds du silence,
Je compose des vers au parfum d’espérance,
Assemblés en bouquets de quatrains enchanteurs.

J’offre mon corps transi aux soyeuses lueurs
D’un soleil amical qui convie à la danse
Le rossignol radieux dont la chanson s’élance
En enivrants diamants imprégnés de bonheur.

Sur le flot bouillonnant de mes désirs immenses,
Je navigue aujourd’hui loin des vaines souffrances
Que fomente l’ennui en habit de froideur.

À l’abri des filets que l’affreuse démence
Pose pour instaurer le règne de la peur,
Je conduis mon navire au pays des rêveurs.

Navire morbide

Pendant que tu conduis ton navire morbide
Sur l’océan glacé de ton fumeux poison,
Insensible aux éclairs formant à l’horizon
Un ballet incendiaire aux accents homicides ;

Pendant que tu dilues les souvenirs limpides
De notre amour au temps de sa morte saison
Dans le torrent sanglant qui construit ta prison
Sur la rive assombrie de tes pensées putrides ;

Pour chasser ma tristesse au goût de déraison,
J’arrache tes photos des murs de la maison
Avant de les offrir au fourneau intrépide.

Le chant du rossignol me met au diapason
De l’avenir gorgé de promesses splendides,
Loin de ton vain périple en lisière du vide.

24.3.07

Insolent pouvoir

Quand ta main prend la mienne à l’approche du soir
Afin de m’insuffler ta joie de vivre immense,
Sous l’éclat de ton rire effritant le silence
En diamants dont les feux exaltent mon espoir ;

Quand l’étang de tes yeux noie les papillons noirs
Qui mènent dans mon âme une effroyable danse,
Pour éteindre l’écho de mes cris de souffrance
Germés dans mon passé sur le fil du rasoir ;

Quand ta voix, imprégnée d’une tendresse intense,
Murmure à mon oreille une chanson d’enfance
Pour chasser le chagrin qui s’acharne à pleuvoir ;

Mon esprit, enivré par ta chaude présence,
Oublie son désarroi avant de concevoir
Un hymne célébrant ton insolent pouvoir.

Vin de lumière

J’inonde de whisky le chagrin solitaire
Qui envahit mon âme à l’approche du soir,
Pour que germe bientôt un insolent espoir
Dans le lit verglacé de mes pensées amères.

Je noie mes souvenirs aux griffes délétères
Dans un tonneau de vin aux accents du terroir,
Empressé à laver l’essaim de doutes noirs,
Qui forme à l’horizon un nuage polaire.

Je dilue la tristesse au parfum d’encensoir,
Qui déchire mes nuits de son sanglant rasoir,
Dans le baiser grenat d’un porto salutaire.

J’éteins mes cauchemars, dont les coups de boutoir
Creusent vers l’avenir un chemin de misère,
Dans le fringant cocktail illuminant mon verre.

Ange du néant

Quand l’océan s’étire en vagues de souffrance,
Qui versent sombrement au fond de ton esprit
De putrides pensées constellées des débris
D’un espoir déchiré au pays de l’enfance ;

Quand, poussée par le vent, une nuée immense
Étale à l’horizon un épais manteau gris
Avant de s’épancher sur les jardins fleuris
En humide linceul où s’éteint l’innocence ;

Quand la lune, accrochée dans le ciel assombri,
Répand ses feux glacés sur les rêves flétris,
Condamnés à mourir dans le jour qui s’avance ;

J’offre mon désarroi au brûlant bistouri
De l’ange du néant, habillé de silence,
Qui lacère mon âme en lambeaux de démence.

Monde vieillissant

Dans la crypte glacée de l’effroi ténébreux,
L’escadron des démons au visage cireux
Déchire le silence en lambeaux interlopes
Dont se drape aussitôt le lutin nyctalope.
Le cauchemar étire un torrent vermillon
De mourants effarés dont les sanglants haillons
Forment le froid linceul de l’avenir putride.
Sur l’autel silencieux des puissances du vide,
Les ombres étriquées des mortels grimaçants
Dansent l’affreux ballet du monde vieillissant.

17.3.07

Ange de joie

Je suis l’ange de joie venu noyer tes peurs
Dans l’insolent torrent de sa tendresse immense
Avant de t’emmener au pays de l’enfance,
Où germe le désir qui réchauffe les cœurs.

Je suis l’amie fidèle aux bras chargés de fleurs
Savamment assemblées en gerbe d’espérance,
Dont l’enivrant parfum apaise les souffrances
Des esprits que dévore une sourde terreur.

Je suis le rossignol qui brise le silence
Par son chant exaltant dont les notes s’élancent
En symphonie soyeuse aux accents du bonheur.

Je suis l’étoile fixe à la chaude brillance,
Qui calcine en secret la nocturne noirceur
De tes vains cauchemars sous ses douces lueurs.

Troquet cradingue

Dans la salle bondée du vieux troquet cradingue,
Une sirène amère accoste un boute-en-train
Qui saoule l’assemblée de ses vineux refrains
Aux accents saugrenus de lointaines bourlingues.

Accoudé au comptoir, un costaud frappadingue
Roule des yeux hagards vers un jeune marin
Occupé à noyer son mystérieux chagrin
Dans l’élixir qui perle au bout de sa seringue.

Sourd au charivari d’un groupe de serins,
Le patron silencieux pinte en rongeant son frein
Pendant que sa moitié prépare ses valdingues.

Le barman cogne un con qui fourre son tarin
Sur les jolis nibards d’une stupide bringue
Qui, sans lâcher un mot, s’arrache à tout berzingue.

Plaisir invulnérable

Dévale le versant de l’ivresse.
Inverse le sens interdit de ta vie livide.
Avale l’essence de l’impudeur.
Envole-toi sur les volutes voluptueuses
De l’indécence incendiaire.

Dissous le linceul du silence
Dans la sève lascive de tes envies.
Descends le chemin de traverse
Jusqu’au puits d’insouciance.
Cueille les chardons de la chance.

Sème les germes de ta joie
Sur le sentier incandescent de tes frissons.
Souris aux lueurs de l’aube
Complice de tes désirs impavides.
Évade-toi dans le plaisir invulnérable.

Jour naissant

Les ombres de la nuit
Étouffent les rêves timides
Des dormeurs solitaires.

Dans un lit glacé,
Un amour moribond
Hésite à se finir.

Sur le pavé humide,
Un passant égaré
Cueille une lueur d’espoir.

Dans un bar enfumé,
Un sourire hasardeux
Désarme la tristesse.

Le nez collé au ciel,
Un enfant silencieux
Invente l’avenir.

À la lumière du jour naissant,
Le coq invulnérable
Lave les défaillances.