31.5.07

Ange d’espoir

Je suis l’ange d’espoir qui blanchit l’horizon
Pour guider les mortels aveuglés par la haine
Vers le futur radieux où les âmes sereines
Sèmeront le bonheur en toutes les saisons.

Je suis la cheminée qui chauffe la maison
En crépitant le soir son ardente rengaine,
Afin de calciner la jalousie obscène
Qui insuffle aux humains le goût des trahisons.

Je suis l’eau qui bouillonne au creux de la fontaine
Pour laver les esprits des effroyables peines
Que l’inhumanité y déverse à foison.

Je suis le vent fougueux qui décoiffe la plaine
Pour porter les parfums de ses gaies floraisons
Jusqu’au tréfonds glacé des sinistres prisons.

Mort aimable

Quand le passé déverse un torrent de souffrances
Nichées dans les recoins de chaque souvenir
Sur mon cœur affaibli, dépourvu de désirs,
Sinistre compagnon de ma désespérance ;

Quand le présent répand l’amère putrescence
De la vaine amitié, zélée à me trahir,
Sur mon âme blessée, épuisée de subir
L’implacable poignard de l’infernal silence ;

Quand le linceul glacé qui couvre l’avenir
Étouffe l’horizon qui commence à noircir
Sous les feux maladifs d’un soleil sans défense ;

Mon esprit avisé m’intime de mourir
Afin de mettre un terme au désarroi immense
Qui creuse mon tombeau dans la nuit qui s’avance.

Ruban d’espoir

Les lueurs de l’aube opaline
Éclaboussent la nuit.
Le soleil froisse les rêves tardifs.

Le cri du coq lointain
Déchire le silence
Pour éveiller le jour.

L’essaim de nuages hésite à pleuvoir
Avant de s’éloigner,
Chassé par le vent implacable.

Le bateau frémit
Sur la mer dentelée
Qui effleure l’horizon.

L’oiseau léger
S’envole en agitant
La cendre des choses.

Le temps impassible
Dévide l’écheveau des souvenirs
En soyeux ruban d’espoir.

Des choses qui égayent le coeur

Il y a des choses qui égayent le cœur :

- Le sourire d’un enfant inconnu
- Un jeune homme qui aide une vieille dame à porter ses paquets
- Un flan bien cuit uniformément doré, sans bulle qui le déforme
- Un pain encore tiède, croustillant et parfumé
- Une chatte qui lèche ses petits
- Un crédit d’impôt inattendu
- Le retour d’une hirondelle qui fait son nid dans la grange
- Le goût délicat du miel d’acacia au petit déjeuner
- La chaleur d’un regard croisé par hasard
- Une rose qui refuse dignement de se faner
- Un stylo qu’on aime et qui se remet soudain à fonctionner
- Les premières pousses sorties de terre, promesses de récoltes abondantes
- L’odeur alléchante du repas préparé par la mère quand on attend, affamé, de passer à table
- Le chaleureux désir de paix de millions d’inconnus dans un monde prêt à la guerre.

24.5.07

Araignée de la nuit

Araignée de la nuit, je dévide en solo
Le secret écheveau de mes mots incendiaires
Pour tramer le récit de ma vie singulière,
Enflammé par l’élan de mon gracieux stylo.

Sourde aux nuages noirs qui versent des sanglots
Sur les chevaux du temps constellés de poussière,
Je me laisse griser par la joie printanière
De ma plume acharnée qui s’envole à vau-l’eau.

Sous l’œil étincelant d’impassibles étoiles,
Je compose des vers où mon cœur se dévoile
Au rythme échevelé de mes rêves brûlants.

Quand l’aurore empourprée darde sur mon visage
Ses premiers feux pétris d’un espoir insolent,
J’exhorte le soleil à dévorer ma page.

Port de l’amour

Pendant que, loin de moi, tu conduis ton bateau
Sur l’océan bourbeux de ma désespérance,
Dont les lames glacées déchirent le silence
En reproches amers au tranchant de couteau ;

Pendant que, chaque nuit, l’implacable marteau
Du souvenir s’acharne à briser mes défenses
En creusant dans mon âme un gouffre de souffrances,
Où mes projets ardents se diluent aussitôt ;

Le phare de mon cœur déverse sa lumière,
Pétrie de notre union aux frissons incendiaires,
Vers l’esquif qui t’emmène aux portes de la mort.

Je lance à ta rencontre un bouquet de tendresse
Afin que, dès demain, tu reviennes au port
De mon amour zélé à laver ta tristesse.

Frangin rasoir

Franchement, mon frangin, tu me gonfles gravos
En m’emmenant mater un navet de gonzesses
Pendant que mes poteaux harponnent des jeunesses,
Des poupées bien gaulées qu’ils niquent rapidos.

Tu me gaves vraiment avec tes musicos,
Ce trio de zonards, des cons bouffis de graisse,
Qui beuglent des chansons dont la laideur agresse
L’esgourde des gaziers qui passent tranquillos.

Tu me prends le citron en me traînant au stade
Au lieu de me laisser reluquer les pintades
Lascivement plantées sur le bord du trottoir.

Lassé de me farcir tes soirées branquignoles,
Je calterai fissa loin de ta vie rasoir
Dès que j’aurai taxé les clés de ta bagnole.

Temps insouciant

Quand la fontaine accompagne
Le chant du rossignol
Sur la place offerte au soleil ;

Quand les lueurs de l’aube rose
Allument un faisceau d’espoir
Au chevet du malade ;

Quand le parfum des blés
Remplace l’odeur du sang
Sur la plaine verdoyante ;

Quand les regards s’électrisent
Dès la première rencontre,
Indifférents à la foule ;

Quand l’été flamboyant
Apporte un nouvel amour
Au sombre solitaire ;

Sous le sablier du temps insouciant,
La joie triomphe
De la mort avide
Dans le cœur de l’homme.

17.5.07

Paupière

Fermement abaissée pour offrir au dormeur
Un écrin ténébreux, la discrète paupière
Repousse vaillamment les sournoises lumières
Acharnées à briser le sommeil protecteur.

Vivement agitée pour dissiper les pleurs
Qui concluent bruyamment une rixe incendiaire,
Elle oppose au rival une adroite barrière
En drapant le regard d’un voile de pudeur.

Afin d’éliminer les infimes poussières
Qui mènent sur les yeux une danse guerrière,
Elle bat prestement, rebelle à la douleur.

Face aux noires visions de la mort familière,
Affichée sans répit sur l’écran en couleur,
Elle tire un rideau d’espoir pour le rêveur.

Griffe du vide

Sur l’océan obscur de tes rêves livides,
Durement ponctués par les coups de boutoir,
Que frappe dans ton cœur l’ange du désespoir,
Tu vogues loin du port de notre amour limpide.

Ballottée sur le flot de la mort intrépide,
Où dansent les reflets de tes papillons noirs,
Tu conduis ton bateau sur le fil du rasoir,
Vers l’horizon porteur de nuages morbides.

Seule avec mon chagrin, à l’approche du soir,
J’assiste à ton départ dans le sanglant couloir
De l’illusion truffée de filets homicides.

Sous un ciel ténébreux qui me laisse entrevoir
Un avenir pétri de silence putride,
J’offre mon âme sombre à la griffe du vide.

Envoûtement

Dans la nuit solitaire,
Je compose en silence
Un chapelet de vers
Qui me parlent de toi.

Entre hier et demain,
Suspendue à ton rêve,
J’attends que tu me dises :
« Viens ».

Guidée par ton sourire,
Armée de ma confiance
Dépourvue de questions,
Je te rejoins.

À l’abri de la peur,
Dans l’écrin de nos joies,
Ivre de ta tendresse,
Je t’enlace.

Sommet argenté

Devant le pic glacé
Qui taquine l’horizon,
Je me tais.

Au pied de la montagne,
À portée d’absolu,
Je t’attends.

Sous les nuages clairs,
Éclaboussés de neige,
Je souris.

Sur le chemin étroit,
Étiré vers le ciel,
Je te guide.

Au sommet argenté,
Accroché au soleil,
Je t’embrasse.