31.12.09

Guerre cruelle

Dans la cuisine sombre au parfum de malheur,
La famille attablée mange la soupe claire,
Le bourguignon garni de trois pommes de terre,
Quand un coup à la porte annonce le facteur.

Privée de son époux couché au champ d’honneur,
La paysanne élève un garçon, que la guerre
Conduit dès aujourd’hui sur les pas de son père,
En suivant son chemin jusqu’au bout de l’horreur.

Son enfant appelé, déchirée de douleur,
La femme s’abandonne aux griffes de la peur,
Dans l’étroite demeure où règne un froid polaire.

Quand un lugubre pli vient lui briser le cœur,
Plutôt que de mener une vie solitaire,
Elle choisit la paix d’un caveau funéraire.