1.1.10

Veuf lugubre

L’œil tourné vers le vide, écrasé de chagrin,
Dans la froideur du soir, le vieil homme sanglote,
Quand sa mémoire entonne une chanson aux notes
Lourdes d’un rendez-vous à l’arrivée d’un train.

Sa femme disparue, l'horizon se restreint
En écheveau glacé, une sombre pelote
D’un fil qui l’emprisonne ainsi que des menottes,
Afin qu’il se dessèche au fond d’un souterrain.

Tandis que son passé s’épanche en anecdotes,
Son avenir s’effrite autant qu’une biscotte
Brisée par un maillet en misérables grains.

Entre la nuit sinistre et la journée falote,
Son quotidien s’étire en cauchemar empreint
Du regret d’un amour découpé au burin.