9.1.10

Tarte au citron patricienne

Recette pour six aventuriers

Aujourd’hui, nous allons faire une tarte au citron. La semaine dernière, je vous ai appris à confectionner la pâte, vous êtes censés maîtriser cette étape. Si vous ne parvenez pas à la faire, parce qu’elle colle ou que vous avez séché le premier cours - mauvais élève, votre punition sera de goûter les plats de tous vos camarades, bien fait ! -, prenez des nouilles, des grenouilles, des écrevisses ou des pinces de crabe. La cuisine, c’est avant tout une affaire de goût et d’intuition.
Bien, passons à la seconde étape, la garniture. Prenez un citron. Six troncs ? Tant qu’à faire, réservez les feuilles et serrez-les. Ainsi, vous pourrez agrémenter votre dessert avec le bouquet de cerfeuil haché à la sortie du four, mais nous n’en sommes pas là. D’ailleurs, je parle de cerfeuil, mais comme la recette comporte du citron, vous pouvez très bien en faire six boulettes. Et si vous réussissez la tarte, mettez la ciboulette dessus à la fin avec le cerfeuil, sinon accompagnez le dessert des six boulettes, pour que vos invités vous excusent d’avoir fait une grosse boulette en leur proposant cette chose dégoûtante. À défaut de ciboulette, mettez de l’estragon. Si le dragon souffle trop fort, diminuez le temps de cuisson de la tarte et profitez-en pour faire un soufflé au fromage.
D’ailleurs, le soufflé au fromage est un plat très malin. Je vous explique. Quand vous avez peu de temps pour cuisiner et que vous recevez des invités systématiquement en retard, confectionnez un soufflé au fromage. Bien entendu, il sera retombé quand ils arriveront et ce sera immangeable. Comme ils sont polis, ils se forceront à le manger - vous tiendrez votre vengeance ! -, et vous, non seulement vous en ferez tout un fromage mais en plus vous ferez du boudin, ce qui vous fournira d’un coup de maître le plat principal et le fromage à servir après. Judicieux, non ?
Revenons-en à notre recette initiale, la tarte au citron. Pendant la première étape, vous avez étalé la pâte, vous en avez garni un moule, le pauvre ! Si vous avez remplacé la pâte par des grenouilles ou d’autres bestioles, débrouillez-vous ! En particulier, les écrevisses et les moules font mauvais ménage, ils se battent, c’est affreux ! Je vais quand même vous souffler la solution - ce n’est pas parce que je parle de souffler qu’il faut rappeler le dragon, finissons cette recette, je vous prie ! Donc, si vous avez opté pour des écrevisses, assommez-les avec des boulons avant de les mettre dans le moule. Continuons, vous avez étalé le fond de tarte. Ensuite - c’est la deuxième étape -, vous répartissez dessus les rondelles des six troncs, en vous dépêchant pour éviter qu’elles prennent racine. C’est un peu lourd, je sais bien, faites précéder de plats légers. Passons à la troisième étape, le fignolage. Ajoutez un morceau de fromage pour lier le tout, et parce qu’il serait dommage de perdre celui que vous n’avez pas mangé la veille. Puis posez une tulipe sur chaque rondelle de bois, c’est décoratif et délicieux. Enfin, enfournez trente minutes. Ne vous faites pas de souci, la pensée du fromage bercera les tulipes, et votre tarte sera une pure merveille. Dégustez-la dès la sortie du four, sinon les tulipes fanent et c’est moche. Bon appétit !

La semaine prochaine, je vous présenterai la recette de la goût j’erre au rock fort.