22.1.10

Vieillard lugubre

Cloué dans la fadeur de son lit d’hôpital,
Le vieillard, éveillé depuis l’aurore grise,
Peste contre un voisin qui clame des sottises,
Dont le flot continu lui vrille le moral.

Parfois, quand l’infirmière au rire de cristal
Lui prélève du sang en vue d’une analyse,
Il sent poindre en son être une impulsion exquise,
Rebelle à la raideur de l’aiguille en métal.

Alors, fiévreux, les yeux brillants de convoitise,
Il condamne son corps froid comme une banquise,
Changé par les années en terne minéral.

Mais, dans la nuit glacée, sa tristesse s’aiguise,
De sorte qu’il prie Dieu de mettre un point final
À son destin, que borne un ennui magistral.