31.12.07

Princesse du néant

Étrange créature, issue de ma mémoire,
Princesse du néant, tu danses sur le fil
Des ténèbres glacées un boléro subtil
Dont l’insondable joie chasse mes idées noires.

Fille de l’espérance, ange prémonitoire,
Tu quittes mon esprit au mépris du péril
Pour offrir à la nuit ton sibyllin profil
De muette sylphide au visage d’ivoire.

Dans tes yeux cristallins scintillent les lueurs
De diamants insolents, imprégnés du bonheur
Que ton corps élancé trame dans la pénombre.

Sur tes cheveux de jais, les rayons argentés
D’une lune attentive à velouter les ombres
Dessinent un faisceau d’ardentes voluptés.

Sommeil bienveillant

Dès que la nuit étend son voile de silence
Sur la ville imprégnée d’un ennui colossal,
Où l’ombre glacée danse un ballet hivernal,
L’ange du désespoir exalte mes souffrances.

Le brûlant souvenir de nos vaines violences
Répand dans mon esprit son poison infernal
Qui dilue mes désirs dans l’océan létal
D’un avenir obscur aux menaces immenses.

Le chardon de l’effroi s’enroule sur mon cœur
Pendant que le soupçon creuse un puits de douleurs
Dans mon âme envahie d’une horrible tristesse.

Aux heures du matin, un aimable soleil
Efface mon chagrin sous ses tièdes caresses
Qui m’emmènent rêver au tréfonds du sommeil.

Jardin d’hiver

Dans la nuit ténébreuse, aux portes de l’enfer,
Les vieux désabusés promènent leur carcasse
Sous le dais protecteur des arbres qui enlacent
Leurs feuillages d’argent au bruissement amer.

Loin de la ville grise où le spectre pervers
De l’ambition déverse un torrent de menaces
Sur le cœur des humains que la faiblesse agace,
Le temps se ralentit dans le jardin d’hiver.

Les vieillards endurcis, sourds aux vaines souffrances,
Offrent leur avenir aux griffes du silence,
Sous l’œil indifférent des astres fugitifs.

Quand l’aile redoutée de la mort implacable
Emporte froidement un squelette chétif,
Ses pairs noient les débris de ses châteaux de sable.

Quatre saisons

Tourbillon glacé
De désirs interdits
Tu éveilles ma neige ténébreuse
À hauteur de ta fantaisie
Diamant de l’hiver.

Gerbe de promesses
Pétale gorgé de soleil
Tu palpites et crépites
À l’aube de mes envies enfiévrées
Printemps jaillissant.

Vertige aveuglant
De volutes véloces
Tu valses sur la voûte voluptueuse
De mon ivresse inventive
Dans l’été avide.

Sur les notes monotones
Du saxophone ombreux
Les heures s’allongent
Le plaisir frissonne
Au ventre de l’automne étonné.

L’amour se construit
En feu d’artifice
Dans les replis
Du temps complice.

24.12.07

Sonnets voluptueux

Qu’importe le désert de mes nuits solitaires
Où je sculpte en solo les diamants généreux
De mes rêves secrets sous le regard ombreux
Du spectre de l’ennui en habit de misère !

Qu’importe le magma de visages sévères
De prétendus amis dont les soupçons affreux
Drapent mes souvenirs d’un voile douloureux
Pour tenter d’étouffer mon espoir tutélaire !

Dans le silence amer de la ville aux murs gris,
Les échos de ton rire enflamment mon esprit,
Si bien que j’entrevois notre avenir limpide.

Je t’envoie des bouquets d’ardents alexandrins
Pour que la volupté de mes sonnets te guide
Sur le chemin radieux de notre amour d’airain.

Poèmes salvateurs

Pendant que, jour et nuit, dans ta prison liquide,
Ballottée sur les flots de mirages pervers,
Tu laves ton passé en taquinant l’enfer
Dont le maître déroule une corde perfide ;

Pendant que tu dilues les souvenirs putrides
De ton âme étouffée par un chagrin amer
Dans ton fumeux poison au parfum de l’hiver
Sous le regard sournois du temps qui se dévide ;

Je compose pour toi un bouquet insolent
D’images réunies en poèmes brûlants
Où scintillent les feux de ma chaude tendresse.

Je lance mes sonnets pétris d’espoir radieux
Vers ton jardin désert dont la froideur m’oppresse,
Afin que leurs diamants illuminent tes yeux.

Zanzibar

Zanzibar. Bar à zanzi. C’est bon, le zanzi, un alcool délicieux, à base de réglisse. On l’a développé quand le Ricard, boisson anisée bien connue, a été prohibé à cause de la terrible maladie engendrée par une consommation excessive de celui-ci.
Le zanzi, c’est d’abord une plante, une plante majestueuse aux fleurs multicolores et très grandes, aux couleurs chatoyantes, de vraies ailes de papillon.
Ne me demandez pas de vous parler de la fabrication de l’alcool de zanzi, je n’y connais rien. Je sais seulement qu’il procure un merveilleux relâchement, d’où les conduites de débauche collective dans nos bars à zanzi.
J’aime beaucoup me délasser au Zanzibar après une dure journée de travail. Je joue au zanzimots avec des amis, c’est un jeu dérivé du Scrabble. A chaque partie, le perdant doit offrir une tournée de zanzi et exécuter les gages les plus variés. Ainsi, hier j’ai dû parcourir la moitié de la ville de nuit, le visage peint en rose, affublée d’une tenue jaune fluorescent de Zanzichrist. Je vous parlerai des Zanzichrists une autre fois.

Raconte-moi le Pérou

Raconte-moi le Pérou, tes voyages enchantés, l’Amérique du Sud, la Cordillère des Andes, tes rêves merveilleux, ces peuples indomptés.
Raconte-moi la nature sauvage, les montagnes fièrement élancées vers le ciel, le village où tu as passé dix années, les enfants intrépides que tu as rencontrés.
Raconte-moi l’oiseau posé sur ton épaule, son chant à ton oreille, la caresse de ses plumes sur ta joue.
Raconte-moi les nuages de là-bas, promesse de douceur au cœur d’un été aride.
Raconte-moi les visages craintifs, brûlés par le soleil, les regards curieux, prêts à s’illuminer devant le moindre signe engageant de ta part.
Raconte moi la nature majestueuse, les animaux étranges, les plantes magnifiques, l’empreinte d’une fée, avec nos mots communs, avec tes dessins magiques, avec ton regard tendre, avec ta langue inventée.
Emmène-moi dans ton monde lointain, dans ton monde intérieur, j’y vois une lumière qui m’attire déjà.

17.12.07

Pluie diluvienne

Dans le creux de la nuit, une pluie diluvienne
Déverse son chagrin sur les trottoirs déserts,
Si bien que les regrets de mon esprit amer
Se noient dans une mer de solitude ancienne.

Les sanglots qui secouent mon cœur de bohémienne
Meurent dans le lacis des rues où je me perds,
Pendant que les poignards du vent glacé d’hiver
Déchirent ma conscience en craintes sibériennes.

Le murmure de l’eau au fond des caniveaux
Exalte la douleur de mon brumeux cerveau,
Perclus d’un tombereau de souvenirs funèbres.

Le corps trempé de boue, je m’avance en tremblant
Dans la ville endormie sous d’humides ténèbres,
Effroyable berceau d’un avenir sanglant.

Du rade au violon

Dans un rade cradingue en plein nord de Paris,
Quatre loustics véreux taquinent des gonzesses
Venues bouffer un steak qui baigne dans la graisse,
Avant de retourner à leur turbin pourri.

Quand deux poupées, lassées de ces cons malappris
Qui se fendent la gueule en leur pinçant les fesses,
Menacent d’appeler les condés en vitesse,
Les vicieux venimeux torgnolent les souris.

Trois apprentis truands aux vêtements pouraves,
Attirés par les cris, se jettent sur les caves
Qu’ils terrassent fissa à grands coups de poignards.

Rencardés par le boss, cinq poulagas rappliquent,
La matraque à la main, pour mater les lascars
Qui, sortant du violon, connaissent la musique.

Premiers feux de l’aurore

Dès les premiers feux de l’aurore,
Je viendrai fleurir ta maison.
J’accrocherai à l’horizon
Des étoiles multicolores.

Je t’offrirai une pléthore
De plantes des quatre saisons.
Dès les premiers feux de l’aurore,
Je viendrai fleurir ta maison.

Je t’apporterai une amphore
De vin au goût de déraison.
Je calcinerai ta prison
Sous un faisceau de joie sonore,
Dès les premiers feux de l’aurore.

Union latex

Union latex
Flambant vortex
Désir furtif
Nectar lascif.

Viens creuser dans ma chair
Un puits d’amour pervers.
Dirige nos frissons
Jusqu’au tendre unisson.

Noie l’écho de tes réticences
Dans le flot de nos joies immenses.
Allume les diamants brûlants
De notre plaisir insolent.