Dans le creux de la nuit, une pluie diluvienne
Déverse son chagrin sur les trottoirs déserts,
Si bien que les regrets de mon esprit amer
Se noient dans une mer de solitude ancienne.
Les sanglots qui secouent mon cœur de bohémienne
Meurent dans le lacis des rues où je me perds,
Pendant que les poignards du vent glacé d’hiver
Déchirent ma conscience en craintes sibériennes.
Le murmure de l’eau au fond des caniveaux
Exalte la douleur de mon brumeux cerveau,
Perclus d’un tombereau de souvenirs funèbres.
Le corps trempé de boue, je m’avance en tremblant
Dans la ville endormie sous d’humides ténèbres,
Effroyable berceau d’un avenir sanglant.