19.9.10

Tyran cérébral

Dans ma tête vit un tyran,
Un rapace insomniaque,
Qui ne me laisse aucun répit.

Il revêt de noir toutes mes idées,
Dévore mes espoirs,
Lacère mes rêves.

Mon ennemi intime
Peuple ma solitude
De cauchemars récurrents.

Sans fin, ce tortionnaire
Rouvre les plaies de mon passé,
Assombrit mon présent,
Creuse une tombe dans mon avenir,
Habille de sang mon horizon.

Ce démon m’étouffe progressivement.
Il pèse sur chacune de mes cellules.
Il instille son poison perfide dans mes veines.

Ce monstre se nourrit de mon esprit
Pour affermir son emprise.
Désormais, en esclave résignée,
J’élabore toutes mes pensées
Dans le caveau glacé
Qu’il construit dans mon cerveau.
J’y graverai bientôt ma mort.

Où va le temps quand il s’envole ?

Où va le temps quand il s’envole
Loin de nos paisibles chemins ?
Fanent la rose et le jasmin,
Tandis que les jours caracolent.

Notre visage nous désole
Avec sa peau de parchemin.
Où va le temps quand il s’envole
Loin de nos paisibles chemins ?

Comment faut-il qu’on se console
Quand il nous file entre les mains ?
Que sont chagrins nos lendemains
Devant nos souvenirs d’école !
Où va le temps quand il s’envole ?

16.9.10

Plaisirs sylvestres

Palais de troncs
Touffeur boisée
La vie palpite
Dans les feuillages et dans les herbes

Sous la clarté lunaire
La clairière parfumée d’automne

Près de la boucle du ruisseau
Allongée sur un tapis de mousse
La nymphe étire ses membres graciles
Ses gestes souples attisent ma gourmandise

À pas feutrés de tendresse
J’approche de la beauté
Nos regards composent
Un prélude voluptueux
Le frottement de nos peaux satinées
Allume des perles de désir
Nos mains esquissent un ballet fiévreux
Nos voix cisèlent la cavatine de nos joies
Sur le mode sylvestre

Foison de baisers
Myriade de caresses
Nos sens exaltés
Mes lèvres sèment un chapelet de frissons
Sur la tiédeur de son ventre
Ma bouche aspire son nectar limpide
Le visage imprégné de son plaisir
Je m’abandonne dans le berceau de ses cuisses
Gerbe de délices
Festin lascif

La sylphide apaisée
Se love contre mon flanc
Esquisse un sourire repu
Plénitude paisible
De nos corps satisfaits

La douillette invitation
De l’aube laiteuse
Ranime notre flamme

15.9.10

Sagesse sylvestre

Dans la forêt
Bruissements soyeux
Le soleil allume
Des flocons de lumière
Dans l’abondance des feuillages
Les grands chênes
Enracinés sur leurs certitudes

Les oiseaux mêlent
Leurs chants rieurs
Les bourgeons palpitent
Le lièvre rejoint son gîte
À bonds véloces

Le chemin déroule son velours
Sous les pas du marcheur

Dans le palais sylvestre
L’angoisse s’éteint
La souffrance s’efface
La pensée s’éclaircit

À chaque respiration
L’homme s’apaise
Sa conscience s’affine

En harmonie avec l’univers
Au centre de lui-même
L’humain se révèle

14.9.10

À fleur de toi

À fleur de toi
J’aiguise mon désir
Vertige chaud
Frisson liquide

J’allume mes sens
Sur ta peau velours
Je me nourris de ton regard
Sous ta main oiseau
Je voyage en volupté

Dans ta vallée de vie
Je bois ta sève d’amour
J’aspire ton nectar d’abandon

Je m’illumine
Dans le flambeau de tes yeux

Sur ton corps satin
Ma langue dessine
Le chemin du plaisir

Je ravive ma fièvre
Au feu de ton ventre
Je conduis tes spasmes
En vagues joyeuses

Tu m’étreins
Volutes de délices
Déferlement limpide
Au centre du bonheur
Fusion

Dans le silence apaisé
Unies en tendresse

D’un geste
Tu ranimes ma faim
Palpitante je t’effleure
Goulue de toi
Avide de caresses
Je te savoure
Je m’enivre
À fleur de déraison

12.9.10

Îlot de certitudes

Perché sur son îlot de certitudes,
L’homme lutte pour conserver son indépendance.
Armé de ses doutes,
Il donne des coups de fouet
À tous ceux qui tentent d’aborder.
Finalement il passe sa vie
À construire son mur de solitude.
À l’heure de sa mort,
Seul avec le silence indifférent,
Le corps parsemé de stigmates,
Reflets des coups donnés aux autres,
Il comprend enfin qu’il n’a jamais vécu.
Il passe directement du vivant vide à la tombe terminale.

10.9.10

Hymne à la folie

Serpent, ciseau, bateau
Ces trois mots ordinaires
Jettent dans mon cerveau
Un torrent de chimères.

Serpent, ciseau, bateau
Je tranche la vipère
Devant le vieux corbeau
Gourmand de ses viscères.

Serpent, ciseau, bateau
Le marin solitaire
Déroule les anneaux
Du boa en colère.

Serpent, ciseau, bateau
Ma main griffue lacère
L’effroyable vaisseau
De ma folie sévère.

7.9.10

Univers cérébral

Autrefois je pensais pendant mon temps libre et mon activité cérébrale était entravée par les contraintes quotidiennes de la vie familiale et professionnelle. Les journées au bureau, l’enchaînement des repas, les discussions avec ma femme, les cris de mes enfants, les appels téléphoniques de nos amis, les factures à régler, les tâches administratives, les courses dans les grands magasins freinaient mon esprit. Les meubles, les objets familiers, les couleurs réduisaient le champ de mes abstractions.
Progressivement j’ai fait le ménage dans ma vie, j’ai élagué le superflu. J’ai quitté mon travail, je me suis séparé de ma femme, j’ai cessé de voir mes enfants et mes amis. J’ai pris un nouvel appartement, petit et neuf. Je l’ai que très peu meublé, j’ai limité mon environnement à l’essentiel. Je suis resté seul avec moi-même et mes pensées, enfin libéré de la pollution extérieure.
Mon esprit s’est affiné, mes pensées se sont aiguisées. Mais j’ai rapidement compris que je devais m’alléger davantage. Aujourd’hui, je suis délivré de tout brouillage. Je vis à l’hôpital psychiatrique dans une chambre blanche aux murs blancs. Mon décor se résume à un lit, une table de chevet et une fenêtre. Un silence absolu m’accompagne. Je ne reçois pour visiteurs que des infirmiers vêtus de blanc, taciturnes et pressés, pourvoyeurs de comprimés blancs, fades et impuissants à museler mon cerveau.
Désormais, dans cet espace aseptisé et exempt de toute aspérité, je jouis d’une liberté de pensée absolue. Mon corps et mon esprit fusionnent enfin au plus profond de moi-même, au centre de l’univers.

2.9.10

Haine énergivore

Tout est énergie. Les émotions, les sentiments sont énergie. Alors, utilisons cette énergie pour le bien, le nôtre et celui de l’univers.
Gardons-nous de la haine. D’une part, elle est énergivore et constitue un gaspillage stupide, car cette énergie peut être utilisée de manière positive. D’autre part, éprouver de la haine témoigne un manque de considération pour soi-même. Quand on concentre son attention sur les aspects positifs de la vie, quand on prend soin de soi-même et de ceux qu’on aime, il n’y a pas de place pour la haine.
On noue des relations, on aime, parfois on n’aime plus. Et alors ? La terre continue de tourner et nous avec. Gardons notre énergie pour de nouveaux bonheurs, d’autres amours, des joies à découvrir.
L’univers est intelligent, fantastique, merveilleux. Rien n’est plus magnifique que l’univers réel. Rendons-lui hommage. Aimons-le, aimons-nous nous-mêmes, aimons nos familles, nos amis, savourons nos passions, ne haïssons rien ni personne.

1.9.10

Virtuel, réel, étiquettes

Virtuel, réel, et tique êtes !
Qu'est ce qui compte finalement ? l'émotion, l'énergie...
Où est le réel, où est le virtuel, qu'est-ce qui pèse ?
Au fond, pour soi-même, qu'est-ce qui compte le plus ?
- Le quotidien partagé avec des proches quand c'est une routine contraignante et qu'on n'a plus rien à se dire ? Quand l'un lit le journal, l'autre regarde la télé, les gosses braillent, le chat chie dans sa caisse juste au milieu du petit déjeuner, merci les odeurs, etc.
- Le virtuel, des rires, des sourires, des pleurs, des cris, des émotions avec des inconnus que l'on ne verra jamais ? ou peut-être que si finalement, on peut les voir quand même si on veut.
- Et puis la frontière est tenue entre virtuel et réel, un cadeau par la poste, une photo, un CD, un stylo, et hop ! le virtuel devient réel.
- Et puis un jour la rencontre, parce que c'est finalement possible de faire entrer le virtuel dans le réel, et la suite peut s'écrire dans la durée ou pas, tout est concevable.
- Et ce quotidien réel qui s'estompe, qui se voile, l'écran de l'ordinateur passe devant. Réel, virtuel, virtuel tue le réel, virtuel devient réel, tout est possible.
- Tu décides, tu maîtrises ta vie. Le quotidien, le réel, le virtuel, tout est énergie. Mets cette énergie où tu le choisis, en être libre de ton chemin.