- Allo, Julie !
- Allo, Sébastien ! J’allais justement t’appeler !
- Et moi, j’allais justement décrocher le soleil. Étant donnée la façon abrupte dont je t’ai quittée, je ne m’attendais pas à ce que tu me téléphones. Je viens prendre de tes nouvelles. Est-ce que tu parviens à remonter la pente ?
- De quelle pente parles-tu ? Je suis au septième ciel. Je projetais de t’appeler pour te remercier.
- Allons, ne te moque pas de moi ! Je sais que tu traverses une phase difficile à cause de notre séparation, alors lâche-toi, crie, hurle, vocifère, accable-moi de reproches. Je mérite ta colère.
- Mon pauvre Sébastien, tu es toujours autant à côté de la plaque. C’est bien la seule raison pour laquelle je te mettrais une claque. Je t’en prie, ne m’interromps pas, laisse-moi te raconter une histoire surprenante et croustillante, que je te dois. Alors, la semaine dernière, tu m’as lâchement envoyé ta sœur, Manon, pour qu’elle m’annonce à ta place ta décision de rompre.
- Je reconnais que c’était minable.
- Sébastien, je t’en prie, ne me coupe pas la parole. Écoute la suite, c’est impayable. Donc, Manon s’est présentée timidement avec ta lettre de rupture, un bouquet de lys et une boîte de chocolats. Bravo pour ta lettre, elle était très bien tournée et dénuée de fautes d’orthographe. Ta chère mère, professeur de français, t’a sans doute donné un coup de main. Il me semble que je reconnais son style brillant.
- J’avoue. D’ailleurs, elle te transmet ses amitiés.
- Chut, s’il te plaît. Merci aussi pour les lys, ce sont mes fleurs préférées. Les tiens étaient magnifiques. En plus, le lys blanc est un symbole de beauté et de pureté, alors tu ne pouvais pas mieux tomber. Je t’expliquerai pourquoi après. Je te remercie également pour les chocolats noirs, amers et corsés, comme je les aime.
- Ouf ! J’ai choisi au hasard, car je ne connaissais pas tes goûts en matière de chocolat. Ainsi tu préfères le noir.
- Oui, noir et amer. En parlant d’amertume, je n’en ai trouvé que dans le chocolat. Manon est délicieuse, très belle et délicate, comme tes lys. Franchement, j’ai gagné au change. Elle ne fume pas, elle préfère les repas raffinés à la maison aux hamburgers enfournés dans la rue, elle a de l’humour, elle aime la littérature et elle est divinement sensuelle. Manon est un volcan de volupté et faire l’amour avec elle est un voyage magique pour le paradis. En plus, elle est infatigable, comme moi. Manon et moi vivons désormais ensemble dans un bonheur radieux. Elle me fait signe de te passer le bonjour. Viens dîner un soir de la semaine prochaine si tu veux. Ainsi tu pourras récupérer tes vêtements et tes disques. C’était le motif secondaire de mon appel. Enfin je voulais surtout te remercier.