16.6.08

Réconfort familial

Il y allait tous les jours à l’aube, tous les matins du mois de janvier. Il se levait plus tôt qu’avant, s’habillait précipitamment dans l’obscurité, avec une économie de gestes efficaces, en prenant soin de n’éveiller personne.
Sa mère vivait à l’autre bout du village, dans une petite maison mal chauffée, isolée, seule, trop seule depuis la mort de son mari, l’année précédente.
C’est là que les ennuis ont vraiment commencé. Elle se consumait, fatiguée de sa vie monotone, encombrante et inutile, si bien qu’il a fallu l’hospitaliser pendant près d’un mois.
Revenue au village, elle était transformée, pas vraiment heureuse, mais apaisée.
L’âge ne fait rien, il serait le bâton de vieillesse de celle qui lui avait tout appris, tout donné.
Elle attendait ses visites dans ses longues journées d’ennui en compagnie du silence déchiré par les coups de l’horloge à intervalles réguliers.
Elle venait d’avoir soixante-dix ans. Le jour de son anniversaire, elle avait mis sa robe à carreaux et lui souriait sur le perron, les yeux gonflés de tendresse. Une bouffée d’émotion lui submergeant le cœur, il l’a prise dans ses bras, et c’est à ce moment qu’il a décidé qu’elle vivrait désormais chez lui.