Tic tac, murmure discret.
L’horloge me regarde tristement comme pour me reprocher de tuer le temps. Ses notes cristallines se brisent sur le ressac de ma fuite en avant.
Tic tac, musique monotone.
Je compose un poème mais cette musique indécente s’immisce entre mes vers et moi, miroir de ma futilité, masque horrible figé en un rictus moqueur, torture assassine distillant le poison du doute dans mes veines brûlantes.
Tic tac, vacarme assourdissant.
J’écris « tic tac » et je tourne la page. Dans une danse frénétique, symbole dérisoire d’une pureté éphémère, les jambes de la pendule s’agitent au son d’un hymne infernal.
Tic tac, obsession fatale.
Les aiguilles du temps brûlent ma raison lors d’un concert ultime d’accords torturés aux frontières de l’absurde. Le temps n’existe pas, il se balance en équilibre fragile entre passé et futur. Une goutte de temps s’écoule à un rythme imprévisible et s’étire, élastique, entre néant et éternité.
Tic tac, soumission dérisoire.
L’horloge égorge les mots un à un, ne me laisse que « tic tac ». Avec ces deux syllabes, vocabulaire final, je compose mon dernier poème, oraison incongrue, « tic tac ».
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