6.7.05

Destin de pied

Sitôt que le réveil l’arrache à la douceur
De la nuit où, serré contre son frère, il panse
Les plaies de la journée d’un baume de silence,
Il arpente un parquet désolant de raideur.

Après un bref répit dans un bain enchanteur
D’où il ressort paré d’enivrantes fragrances,
Il enfile un chausson dont la laideur offense
Son respectable orgueil de discret séducteur.

Dès qu’un soulier de cuir l’emprisonne, il s’élance
Dans la ville animée pour, malgré ses souffrances,
Conduire à son bureau le vigoureux marcheur.

À la tombée du soir, il martèle en cadence
Le trottoir encombré d’individus porteurs
De riches mocassins qu’il double avec fureur.

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