1.6.05

Bonheur paternel

Tandis que la souris se réjouit de porter
Dans son ventre le fruit de son amour immense,
Le gazier, insensible au charme de l’enfance,
Déplore son refus de se faire avorter.

Le jour J, le quidam s’exhorte à surmonter
Son dégoût des lardons, pour zieuter en silence
Le corps emmailloté du bébé sans défense,
Que sa femme fourbue étreint avec fierté.

Quand sa moitié lui tend le gnard, sa répugnance
S’éteint, si bien qu’il pleure, ému par la naissance
Qui couronne dix ans d’ardentes voluptés.

En embrassant son fils habillé d’innocence,
L’homme sent le carcan de ses peurs s’effriter
Sous l’orgueilleux bonheur de sa paternité.