Hier matin, ma mère est morte. Trois lignes dans le canard.
Au bord de la mare aux canards,
Se pourlèche le vieux renard.
Au funérarium, défilé de parents, d’amis, d’anonymes à la mine contrite. Ces derniers mois, ils évitaient de rendre visite à la malade. La compagnie des morts est plus facile !
Le frère ventripotent, aux vilaines pattes d’oie, s’abrite dans un silence de circonstance.
L’oie terrorisée se débine
Loin des redoutables canines.
Le voisin à face de rat ânonne de fades condoléances avant de s’éclipser illico.
En l’absence de grains de blé,
Le rat ronge le pain brûlé.
La cousine aux yeux de fouine jette un œil curieux au cercueil et dévisage l’assemblée comme un huissier en exercice.
La fouine sort du poulailler
Qu’elle a sauvagement pillé.
D’une voix de crapaud, le maire assène des phrases rebattues.
Le crapaud saute entre les bosses
Pour échapper au chien féroce.
Laissez-nous !
Emportez vos platitudes.
Ma mère habite en mon cœur
À jamais
Dans la chaleur de mon amour.