31.12.09

Je hais les enfants et leurs parents !

Je hais les enfants et leurs parents !
Je hais les enfants, ces êtres geignards, ces concentrés d’inhumanité et d’égoïsme.
Je hais les bébés puant le lait caillé et le vomi. Leurs pleurs pourrissent nos nuits. Leurs maladies, otites, oreillons, bronchiolites, nous transforment en infirmiers à plein temps, rivés au berceau de ces monstres braillards. Je hais les bébés pour leur malpropreté, pour les milliers de couches volumineuses et ruineuses nécessaires à leur bien-être.
Je hais les bambins dont l’énergie nous épuise dès qu’ils commencent à marcher. Ces orfèvres de la catastrophe s’acharnent à nous effrayer en se mettant en danger. Il mangent de la mort aux rats, mettent les doigts dans les prises électriques, incendient les rideaux, testent l’insubmersibilité du chat, vident le réfrigérateur et l’armoire à pharmacie. Je hais ces terroristes des bacs à sable, qui font de nous des esclaves éreintés, tout juste bons à compter les années avant d’être délivrés de ces fabriques à sottises.
Je hais les enfants aux portes de l’adolescence pour leur méchanceté. Dépourvus de politesse et de retenue, ils distillent des flots de réflexions outrageantes, si bien que nous nous escrimons à longueur de journée à nous confondre en excuses à leur place. Pour nous remercier, ils nous assaillent de remarques cinglantes sur notre intelligence, notre physique, notre réussite professionnelle. Je hais les enfants parce qu’ils ne cessent de nous taper de l’argent que pour le piquer directement dans notre portefeuille.
Je hais les parents quand ils bêtifient. Je hais les parents aux mains poisseuses de photos de leur progéniture. Certains que leur moutard est le plus beau, le plus éveillé,le plus intelligent, ils nous bassinent avec des vidéos de vacances interminables et nous abreuvent de leur radotage sur la première dent, les premiers pas, les premiers mots du petit dernier.
Je hais les enfants… sauf mon fils. Lui, ce n’est pas pareil, il est poli, bien élevé, obéissant. Il est intelligent et débrouillard. Rendez-vous compte, à dix ans, il joue déjà au bridge ! Je suis sûre qu’après de grandes études, comme l’École Centrale ou Polytechnique, il fera une brillante carrière. Il sera sans doute chirurgien, spationaute ou politicien.
Aujourd’hui c’est son anniversaire. Je vais lui offrir un VTT et une console de jeux. D’ailleurs, pour la console, pouvez-vous m’aider à choisir ? PSP, Sony Playstation 3, Nintendo DS, pour moi, c’est de l’hébreu. Mon fils, il est comme un poisson dans l’eau avec ces nouvelles technologies. Il est tellement intelligent !