Élevée à mi-temps entre campagne et ville,
J’ai connu le ruisseau, les pommiers, les moutons,
La cane qui chemine avec ses canetons,
Les paysans heureux de leur moisson fertile.
Délaissant la forêt, j’ai élu domicile
Dans une cité grise où règnent le béton,
Les conducteurs pressés qui tancent les piétons,
Les comptoirs où s’entasse une faune virile.
J’ai quitté le jardin, les rosiers en boutons,
Pour une chambre étroite aux meubles en carton,
Où la lumière éveille une poussière hostile.
Vers mon futur urbain, je m’avance à tâtons,
Au gré des boulevards où s’ennuient les vigiles,
Tandis que je souris aux souvenirs qui filent.