Dressé depuis trente ans au coin du boulevard,
J’accueille dans mes flancs d’exquises demoiselles,
Princesses délurées qui jouent de la prunelle
Pour charmer les clients agglutinés au bar.
J’abrite patiemment des groupes de fêtards
Émaillés de poupées à la voix de crécelle,
Zélées à enflammer la mâle clientèle
Par les diamants soyeux de leurs troublants regards.
J’assiste quelquefois aux bruyantes querelles
De couples moribonds dont l’ironie cruelle
Déchire la tendresse en souvenirs épars.
J’héberge un écrivain dont les poches recèlent
Des carnets constellés de sombres cauchemars
Qu’il s’échine à noyer dans un fougueux nectar.
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