Devant le gouffre amer, effarée, je recule.
Mais l’ange de la mort vient me recommander
De jeter au néant mon avenir bondé
De monstres affublés d’avides mandibules.
Sur le pic de l’horreur, j’avance en funambule.
Puisque du désespoir je ne peux m’évader,
Je confie mon destin à la grâce d’un dé,
Pour qu’il guide mes pas de pantin minuscule.
Parvenue à l’entrée du pont des suicidés,
J’aperçois une main tendue pour me guider
Sur un chemin léger comme une libellule.
Dès qu’un soleil rieur m’invite à regarder
La nature, qu’égaient de blanches campanules,
Je voue à l’amnésie mes démons ridicules.