19.1.10

Trêve voluptueuse

Agacé par deux jours d’un combat virulent
Contre son amazone aux yeux durs comme un glaive,
L’amoureux se défoule en courant sur la grève,
Puis, fourbu, il s’endort, seul sur le sable blanc.

Les heures de la nuit sonnent des coups violents
Dans l’esprit attristé de la femme, où s’élève
Le poignard du soupçon si cruel qu’il achève
De tailler son amour en souvenirs cinglants.

Elle sombre au matin dans un sommeil sans rêves,
Tandis que son amant déclame une ode brève,
Serment de volupté qu’il offre aux goélands.

Sitôt que les oiseaux plaident pour une trêve,
L’homme éveille sa belle avec un tendre élan,
Qui les mène au berceau de frissons insolents.