Le poème est un être vertigineux. Il chante l’infini des possibles. Chaque mot élu forme un carrefour vers une multitude d’histoires. Comment choisir le mot juste ? Il faudrait explorer toutes les voies, chanter toutes les voix de la vie.
Le mot invente la vie. Funambule sur la frontière du verbe et de la réalité, je perds la raison. Il faudrait s’ancrer dans la vie pour ne pas s’encrer dans les mots, se centrer pour ne pas mourir de mots.
Les mots se glissent dans les interstices de la conscience pour en chasser le vivant. Ce sont des plantes vivaces, dont les racines détruisent tout ce qui vit autour. Les mots fossoyeurs bâtissent de beaux cimetières morbides emplis de poètes maudits.
Mais peut-être que si je repose ce mot dit pour en choisir un autre, je prendrai une autre voie dans le labyrinthe du destin. Peut-être que je prendrai un chemin de fleurs anonymes, parce que les mots auront disparu. Peut-être … chemin… disparu. Disparu.