J’écris des mots pour les apprivoiser
Mais ils se dérobent
Le verbe me travestit, me filtre, me disloque
Je cherche les termes de l’urgence, de la nécessité
Mais ils s’évaporent sous mes doigts
Je tape sur mon clavier des lambeaux de phrases
Disloquées dans l’illusion de l’échange
Je compose en pensée le poème absolu
Celui qui contiendrait tous les autres
Mais mes vers prennent des voies divergentes
Ils effritent mon unité au vent versatile
Je dialogue avec les vivants
Mais mes paroles transparentes traversent leurs oreilles
Ils ne m’entendent pas
Ils me renvoient le miroir d’eux-mêmes vide de moi
Je m’adresse aux morts
Leur patience est infinie
Mes vocables pèsent de gravité
Mais les défunts ne me répondent pas
L’écho de ma souffrance écorche à peine le silence
Je demeure seule face au mur du néant